Mon lapin 9. Mon lapin #9

A u tour de David B. de prendre les rênes de la revue Mon lapin de L’Association. Le principe de base est cette fois un peu contourné : au lieu d’un recueil d’histoires et d’une pléthore d’auteurs invités, c’est un récit à quatre mains avec Andrea Bruno que le créateur des Incidents de la nuit propose. Il y a d’ailleurs un titre à cette aventure, comme si elle aurait pu prendre place dans une collection de l’éditeur : L’ange de Beckett.

Le dramaturge de l’absurde, qui avait marqué les esprits avec En attendant Godot, est le personnage au cœur de tout, c’est-à-dire d’une agression au couteau et d’une enquête menée par la brigade littéraire constituée pour faire la lumière sur des attentats à répétition visant des écrivains. La patte de David B. saute aux yeux, rappelant entre autres des albums tels que La lecture des ruines et Le capitaine écarlate. On retrouve ici les ingrédients qui en faisaient le sel, mélange de loufoquerie et de réalisme où l’imaginaire est ancré dans le réel et accepté d’emblée par le lecteur. Il y a aussi dans cette nouvelle dessinée un goût prononcé pour le roman noir, pour les faits divers, pour ces ambiances oppressantes et fantasmagoriques qu’il se plaît à installer. Dans ce cas-ci, il est parfaitement épaulé par Andrea Bruno : leurs styles, pourtant dissemblables, se côtoient de façon harmonieuse avant de se chevaucher allègrement, contribuant à semer le trouble. Au final, on se gardera bien de trancher entre ce qui est véridique et ce qui ne l’est pas.

Le seul regret, à l’issue de ces trente-deux pages passionnantes, est peut-être qu’un deuxième service ne serait pas de trop. Avec cet hommage à Samuel Beckett, David B. a jeté les bases d’un univers qui ne demande qu’à être approfondi.

Moyenne des chroniqueurs
7.0