Garçon manqué

L iz Prince est un "garçon manqué" : c’est un état de fait et un état d’esprit, en aucun cas un arrangement ponctuel ou circonstanciel. Cheveux pas trop longs, pantalon de rigueur et casquette vissée sur la tête, elle raconte dans cette bande dessinée sa jeunesse au sens large, de sa naissance à son entrée dans le monde adulte. Coupons tout de suite court aux raccourcis faciles : il n’est pas question ici de la découverte d’une homosexualité naissante, d’un besoin impérieux de se faire greffer un pénis, ou encore d’un quelconque manifeste féministe… Non, nullement, même si ces questions - enfin pas toutes - se poseront inévitablement au cours de ses années au collège et au lycée.

En pas loin de 250 planches, Liz Prince (Tu m’aimeras encore si je fais pipi au lit ? - s’il y avait un prix du meilleur titre…) trace son petit bonhomme de chemin avec une bonne dose d’autodérision et un trait qui va à l’essentiel, permettant ainsi une lecture des plus agréables. Le ton est léger, les parents sympas, le frangin plus ou moins, les copains et les copines de manière variable… Gloires et déboires d’une enfance puis d’une adolescence en fin de compte assez classiques - puisse-t-elle me pardonner -, mais tout de même marquées, il est vrai, par une appétence indéniable pour ce qui relève du mode de vie masculin. Du slip kangourou - puisse-t-elle encore me pardonner - à la pratique du base-ball, en passant par l’attrait pour les comics, tout y passe. Le rapport à ses premiers dessous féminins... comment dire ? Difficile, mais hilarant pour le lecteur.

Avec le recul et la sagesse qui sont le propre de l’âge que l’on a, de la trentaine en l'occurrence, Liz Prince livre avec Garçon manqué un petit pavé truffé d’humour et de bonne humeur. Un plaisir qui devrait se prolonger, puisque la maison d’édition Çà et là annonce pour février prochain la parution de Seule pour toujours, relatif à sa "vie sentimentale chaotique". Suite logique ?

Moyenne des chroniqueurs
7.0