Odyssée 1. La malédiction des pierres noires

L a guerre de Troie touche à sa fin. Ainsi en ont décidé les Dieux de l’Olympe, lassés de s’affronter par cités grecques interposées depuis presque dix ans. Mais la chute de la ville aura un prix : mortifié par sa défaite, Poséidon souffle à la sorcière Cassandre une malédiction qui s’abattra sur les vainqueurs. Parmi eux, Ulysse, roi d’Ithaque, attendu par son fils qu’il n’a pas vu grandir et sa femme Pénélope, restée fidèle au milieu d’une nuée de prétendants voulant faire main basse sur leur riche domaine. Le long périple de l’Odyssée peut commencer, orchestré en coulisse par Athéna, Aphrodite, Apollon, tous s’ingéniant à aider ou contrarier le valeureux équipage.

S’il fait essentiellement office de mise en place, ce premier volume est déjà riche d’aventures, de batailles épiques, de joutes oratoires, de sombres visées… Si rebattue soit-elle, la geste héroïque d’Ulysse et de ses compagnons demeure une inépuisable source d’inspiration pour les artistes. Et, une fois encore, le récit captive par sa densité, ses héros fabuleux, l’éternel exposé des aspirations humaines en butte aux destins contraires, l’immuable éventaire des mœurs et des passions. En trouvant le juste milieu entre la simplification excessive propre aux adaptations jeunesse et l’exhaustivité peu digeste d’une transposition littérale, les auteurs tirent habilement parti de l’histoire.

Ingrédient indéniable de cette réussite, le trait fougueux et moderne de Thomas Gilbert (Bjorn le Morphir, Oklahoma Boy). Une ligne claire, fine mais anguleuse, enchaînant les perspectives audacieuses, les gros plans oppressants, les scènes tumultueuses, les discours cinglants… le tout servi par une colorisation en aplats vifs, stridents, pétulants, bien que parfois excessivement sombres dans certains tableaux nocturnes.

Rythme soutenu, graphisme intense, dialogues enlevés, voici un album susceptible d’accrocher un large public, au-delà du lectorat traditionnel de cette collection.

Moyenne des chroniqueurs
7.0