Autel California 1. Face A : Treat Me Nice

S i la couverture vous paraît très datée, rassurez-vous : c’est normal. Avec Autel California (oh le joli jeu de mot !), Nine Antico nous entraîne dans le monde merveilleux des égéries d’une autre époque. L’angle d’approche est original, à savoir les yeux d’une groupie comme il y en avait tant, suivant leurs stars fétiches comme des ombres et parvenant parfois miraculeusement à obtenir un précieux tête-à-tête.

Il y a deux façons d’aborder ce livre. La première, qui consisterait à chercher un récit construit et solide, est vouée à l’échec. La seconde, qui reviendrait plutôt à se plonger dans l’ambiance, a déjà plus de chances d’aboutir. Il faut dire que Bouclette (c’est le nom de l’héroïne) ne connaît pas une trajectoire rectiligne et qu’il peut être éreintant de la suivre. Cela d'autant plus que les éléments nécessaires à la bonne compréhension de son cheminement sont livrés au compte-gouttes. Si l'auteure s'est bien documentée, c’est moins par volonté didactique que pour précipiter le lecteur dans le tumulte de ces années folles. Le résultat est désorientant. Parfois, on passe même du coq à l’âne. Et à d’autres moments, l'action s’interrompt pour laisser un chanteur ou un groupe occuper le devant de la scène. Alors, les paroles envahissent les cases, occupent tout l’espace. La sensation ? Celle d’être submergé. L’expérience est assez particulière et il faut se laisser porter pour en profiter. Bien sûr, plus on aimera l’époque traitée, plus le plaisir sera grand. Il y a de bonnes chances que les autres restent comme des cons à la porte. Tant pis pour eux ?

Que penser, au final, de cette « face A » ? Difficile de se faire une idée définitive. Il y a une certaine audace, même si Nine Antico aurait pu être moins sage. Peut-être se déchaînera-elle avec la « face B », allez savoir ? Il y a une prouesse graphique aussi, l’air de rien : le décor est superbement rendu. Mais également quelque chose d’un peu bancal, comme si l’aventure manquait de sens. À juger quand le disque aura fini de tourner ?

Moyenne des chroniqueurs
6.0