Parker 4. Fun Island

B uffalo, New York, hiver 1969. Après avoir braqué un fourgon blindé, Parker et ses deux complices prennent le large avec le pactole. Poursuivis par les forces de l’ordre, leur fuite tourne mal lorsque le chauffeur perd subitement le contrôle du véhicule sur les routes enneigées. Seul rescapé de l’accident, Parker est contraint de se réfugier dans un parc d’attractions fermé pour l’hiver. Repéré par quelques flics ripoux et un parrain local, il se retrouve pris au piège et n’a d’autre solution que de se préparer à accueillir ses poursuivants…

Après trois albums de haut vol, Darwyn Cooke s’attaque à la suite des aventures de ce truand en costume-cravate créé par le célèbre auteur de polars noirs Richard Stark (alias Donald Westlake). Malgré un grain de sable qui fait une nouvelle fois tout partir en sucette, le héros extrêmement charismatique n’a rien perdu de son charme et de son jusqu’au-boutisme. C’est avec sang-froid et grande méticulosité que ce dur à cuire à l’ancienne compte une nouvelle fois se sortir du pétrin.

Muni d’une reproduction du plan du parc sur une page dépliable, le lecteur suit ce jeu du chat et de la souris avec beaucoup de plaisir. Mettant en avant toute l’ingéniosité de ce hors-la-loi pas comme les autres, ainsi que sa capacité à échafauder un plan pour sortir vivant de cette chasse à l’homme en huis clos, cette quatrième adaptation repose à nouveau sur une narration experte, rythmée par les trouvailles intelligentes de cet homme coincé au sein d’un « Fun Island » qui porte bien mal son nom.

Reprenant tous les poncifs du genre, tout en rendant hommage au polar noir américain à l’ancienne, ce tome s’avère cependant moins épais que les précédents et l’intrigue plus légère, malgré une ambiance toujours aussi sombre. Le bonus en fin d’ouvrage, proposant l’adaptation en seulement dix pages de la courte nouvelle « Le Septième », ne fait qu’accentuer cette impression de survoler le récit un peu trop rapidement.

Visuellement, le style caractéristique et délicieusement désuet de Darwyn Cooke restitue à merveille l’atmosphère rétro de ce New-York des sixties, gérée par le crime et les gangsters. La bichromie en dégradés de gris accentue encore un peu plus l’aspect vintage du graphisme et permet à l’auteur de jouer sur l’ambiance et les non-dits en multipliant les scènes muettes de toute beauté. Du grand Art !

Sans être le meilleur titre de la série, Fun Island demeure une adaptation intelligente, efficace et graphiquement très aboutie, qui ravira tous les amateurs de polars noirs.

Moyenne des chroniqueurs
7.0