Rédemption (Tackian/Farkas) 1. Dévotion

S i la deuxième croisade menée au milieu du 12e siècle s’est soldée par un échec, les violences extrêmes et les massacres perpétués par l’armée de Louis VII laissent de nombreux soldats traumatisés. Adhémar de Montfort est l’un d’eux et vit désormais reclus et pauvre dans le Comté de Rouergue. À l’aube d’une troisième croisade, décidée par le pape Grégoire VIII en 1189, il a l’occasion d’expier ses crimes. Un jeune paysan, connaissant son passé de guerrier, vient le trouver pour l’aider à défendre son village des exactions commises par le pèlerin Bernard. Ce dernier, sous prétexte de vouloir éradiquer le catharisme dans la région de Beaucaire, terrorise ses habitants pour les forcer à rejoindre la nouvelle guerre sainte qui se prépare. Avant de passer à l’action, Adhémar part à la recherche de ses anciens compagnons d’armes pour reformer une équipe digne de ce nom.

Un vieux soldat hanté par les champs de bataille et qui souhaite aller sauver la veuve et l’orphelin pour tenter de faire la paix avec son âme, voilà un pitch qui n’amène pas beaucoup de renouveau. Heureusement, Tackian est lui aussi un vétéran. Plus par sa carrière que par son âge, certes. Le choix d’asseoir son récit sur une base historique forte et documentée permet d’emblée de plonger le lecteur dans le premier tome de Rédemption. L’utilisation parcimonieuse des flashbacks révèle la complexité du personnage d’Adhémar de Montfort tout en maintenant une certaine fluidité dans la lecture. Enfin, la partie recrutement, limitée pour l’instant à deux ex-compères, est particulièrement bien amenée.

Si la couverture n’incite pas forcément à se jeter sur l’album dans les rayons BD, l’intérieur est en revanche d’une toute autre tenue. L’inverse étant beaucoup plus fréquent, il serait dommage de bouder son plaisir. Au crayon, un dessinateur hongrois, Lajos Farkas. Il rend une copie presque parfaite dans un registre réaliste. Son travail, notamment sur les visages des personnages, celui buriné d’Adhémar ou celui inquiétant et cruel du pèlerin Bernard, apporte une vraie valeur ajoutée au scénario. Les couleurs, très classiques et dans des tons plutôt sombres, sont à l’avenant.

Prévue en deux tomes, la série offre un début prometteur malgré une histoire des plus classiques. À découvrir ne serait-ce que pour l’excellent travail graphique réalisé.

Moyenne des chroniqueurs
7.0