HSE (Human Stock Exchange) 2. Tome 2

F élix Fox est pris dans l’engrenage : comment poursuivre son ascension ? Il a acquis une certaine valeur au Human Stock Exchange (HSE) et souhaite encore améliorer sa cote. Pour franchir des paliers supplémentaires et empocher une prime, il convient d’être professionnellement toujours plus performant, dans une forme étincelante, compter certaines personnes en vue dans son entourage et disposer d’un potentiel de progression que personne ne pourrait contester. Régulièrement, une assemblée générale fait le point sur le « dossier » et rend son verdict pour ajuster la cotation. Les investisseurs ont développé ce nouveau marché par défiance vis-à-vis de l’évolution de la valeur des matières premières (seule l’eau semble constituer une valeur-refuge) ou des entreprises. Mais attention, tout un chacun ne peut pas être candidat à faire partie des titres HSE. La prise en compte de l’homme lambda, en tant que main d'oeuvre, n'a aucun intérêt : les licenciements sont exécutés en deux temps trois mouvements et les statuts protégés n’existent plus. Seule la loi du marché importe…

Félix a péché par excès d’arrivisme, d’arrogance, de confiance et… de naïveté. Cette deuxième partie de la fable imaginée par Xavier Dorison s’inscrit dans la pleine continuité et est - qui en doutait ? - pleinement cohérente avec le premier volet qui décrivait minutieusement le contexte, la mécanique conçue pour créer un nouveau système de type rouleau-compresseur dans lequel seul le profit prime et où l’individu est pressé jusqu’à la dernière goutte. Bien entendu, au passage, il pratique ou essuie trahison, déchéance, manigances et perte de l’estime qu’il peut encore se porter. Il n’y a pas de véritable défaut dans ce récit, hormis le sort plutôt prévisible de Félix, à l'image de ses réactions et de celles de ses proches. Il en résulte un léger « manque de surprise », voire des répétitions notamment lorsque les événements sont vécus de manière radicalement opposée d’une fois à l’autre pour appuyer un contraste ou une évolution (déroulement des assemblées générales, comportement des fidèles amis par exemple). Le scénariste a de fait un challenge à relever et faire très fort dans le troisième et dernier volet pour véritablement surprendre à nouveau le lecteur conquis depuis le début du triptyque.

S’il y a changement notable, c’est du côté graphique et surtout de la mise en couleurs. Cette fois, Thomas Allart assure seul les deux fonctions et le choix de tons moins francs, plus pastels saute aux yeux. Le parti-pris ne gêne cependant pas la lecture, pas plus qu’il n’adoucit l’acidité du propos. En revanche, le visuel des couvertures, lui, connaît un lifting radical et chacun pourra y voir une similitude avec des éléments composant le générique de la série TV Mad Men (voir la chute finale présentée en fin de volume : spoiler ? Hommage ? Coup marketing pertinent... ou pas ? À juger sur pièce le moment venu).

Moyenne des chroniqueurs
7.0