Nana 6. Volume 6

N ana Komatsu a enfin trouvé l'homme dont elle rêve. Malheureusement il part pour Tokyo pour poursuivre ses étude, la laissant seule une année. Tokyo a aussi enlevé Ren des bras de Nana Osaki: celui-ci a laissé tomber le groupe amateur dans lequel il jouait avec Nana pour une place de guitariste dans Trapnest... Pour des raisons différentes, ces deux jeunes femmes vont s'installer à leur tour dans la capitale, se rencontrer et devenir les meilleures amies du monde...

Nana est le deuxième Shôjo paru chez Akata/Delcourt. L'appellation "shôjo" (jeune fille, en japonais) désigne les mangas prépubliés dans des magazines destinés à une cible jeune et féminine. En France le public se diversifie de plus en plus, même si la majorité des amateurs de shôjos restent des amatrices, et Nana peut parfaitement plaire aux deux sexes, grâce à la profondeur des rapports humains que l'auteur décrit.

Le principal atout de ce manga réside dans ses deux héroïnes, qu'apparemment tout oppose, mais qui se complètent parfaitement, et qui se révèlent bien plus complexes que ce que leur apparence laisse croire . Nana Komatsu est une jeune femme expansive, simple et assez futile, une fashion victim. Indécise et frivole, elle tombe amoureuse à la vitesse de l'éclair. Elle manque de repères et, de ce fait, mène maladroitement sa vie. Mais elle en est parfaitement consciente, et en souffre beaucoup. C'est cela qui fait de Nana Komatsu autre chose qu'un simple stéréotype: Nana, c'est son parcours initiatique, son apprentissage de la vie, de l'amour et d'elle même.

Nana Osaki se situe apparemment aux antipodes de son amie. Jeune chanteuse de rock au look punk, personne calme, pondérée et décidée, peu démonstrative, sûre d'elle, elle représente un point d'ancrage pour l'autre Nana, une sorte de modèle. Mais l'échange ne se fait pas à sens unique: elle trouve en sa colocataire l'énergie et la bonne humeur nécessaire pour ne pas sombrer dans la déprime, suite à la disparition de Ren de sa vie.

Autour des 2 Nana gravitent beaucoup de personnages secondaires, pour la plupart des musiciens. Ils amènent l'ambiance particulière du manga: on parle de musique, de guitares, de concerts... Ce ne sont pas des faire-valoirs, ils ont une grande importance dans l'histoire, ils évoluent avec les héroïnes, et parfois, comme Shin, ont une destinée presque indépendante de celle des protagonistes.

Dès que l'on ouvre Nana on sait qu'on a affaire à un shôjo: le style graphique ne trompe pas. L'auteur dessine des corps longilignes, a la limite de la maigreur, et fait la part belle aux visages: elle s'attarde sur eux pour faire passer les sentiments des personnages. Les décors pâtissent de ce choix et sont souvent délaissés. Par contre, bien qu'il soit plutôt sobre par rapport à d'autres shôjos, le découpage présente un aspect éclaté, peu conventionnel, et peut gêner un peu le lecteur néophyte. Mais cela ne dure pas, Nana reste très lisible. Un soin particulier a été porté aux vêtements: Ai Yazawa, avant d'être mangaka, a passé quelques temps dans le monde de la mode et ça se voit: chaque personnage a son style, et Vivienne Westwood (une styliste très connue) est constamment citée dans le manga. Cela peut paraître futile, mais ce soin apporté aux tenues vestimentaires donne une touche de charme supplémentaire livre.

Nana peut rebuter le lecteur non habitué par son graphisme, mais les relations passionnantes entre les personnages, leurs interrogations et leurs doutes prennent vite le dessus, et happent l'attention pour ne la laisser échapper qu'à la fin du volume.

Moyenne des chroniqueurs
7.8