Le chef de Nobunaga 1. Tome 1

P artie pêcher, Natsu assiste de loin au meurtre d’un vieil homme bizarrement vêtu et à la fuite de son compagnon qui ne tarde pas à émerger près d’elle, une fois les assassins partis. Recueilli par la jeune femme, Ken s’avère amnésique, mais ses talents de cuisinier lui attirent bien vite la sympathie de tout le village. Au bout de quelques mois, sa réputation atteint les oreilles du puissant Oda Nobunaga qui, intrigué, lui enjoint de l’accompagner afin tirer le meilleur parti de ses dons pour mener à bien son ambitieuse politique. L’aventure prend une nouvelle tournure pour Ken dont la mémoire se réveille par moments.

Le voyage temporel – amnésie ou non à l’appui – pour éclairer des périodes historiques et certains aspects culturels ou progrès serait-il à la mode ? Après Jin de Motoka Murakami où un neurochirurgien est propulsé à l’ère Meiji, Zipang de Kaiji Kaԝaguchi revivant la guerre du Pacifique, ou le plus récent Thermae Romae de Mari Yamazaki, Mitsuru Nishimura invite le lecteur à une plongée dans l’époque Sangoku pour y côtoyer le célèbre Oda Nobunaga (1534-1582), dont la figure apparaît dans de nombreux mangas. Les arts culinaires maîtrisés par son héros servent surtout de prétexte afin d’illustrer la vision, alors incroyable, et les desseins du redouté daimyo. Cependant, ils offrent également un aperçu didactique et intéressant sur l’histoire de la cuisine.

Entrant d’emblée dans le vif du sujet, le récit ne connaît quasiment aucun temps mort au cours des deux premiers tomes. Tout s’enchaîne même assez vite à partir du moment où Ken intègre les rangs des cuistots du puissant chef de guerre. Néanmoins, cet épisode marque également le début d’une certaine redondance du schéma narratif, chaque mission donnée par Nobunaga visant un but précis et demandant à son cuistot venu du futur de s’adapter pour tirer le meilleur de ses connaissances en fonction des produits que l’époque lui fournit. Fort heureusement, les défis ainsi imposés et les manœuvres politiques qui les sous-tendent suffisent à maintenir la curiosité, car, par ailleurs, les questionnements liés au personnage principal tardent à se faire jour, tandis que les intrigues parallèles manquent un peu de piquant.

Illustrés efficacement et de manière réaliste par Takuro Kajikaԝa, les volumes introductifs du Chef de Nobunaga se révèlent de bonne facture autant que divertissants. De quoi y revenir sans attendre la disette.

Moyenne des chroniqueurs
6.0