Rayons pour Sidar 1. Lorrain

S ur la planète Sidar, le terrien Lorrain 1613 A.C. recherche son double robotique, Lionel. Guidé par Xaog, un aborigène sidarien, il s’aventure à travers une faune et une flore étrange et hostile, bien décidé à retrouver la trace de son ami. Si l’environnement inhospitalier rend la tâche ardue, il doit également mener cette mission à bien avant l’invasion imminente des Xressiens, le peuple auquel la Terre a décidé de céder cette planète qui rend toute implantation humaine trop difficile.

Après Niourk, Piège sur Zarkass, OMS en série et La peur géante, cette collection d’adaptation lancée par Ankama et Comix buro, axée sur l’œuvre de Stefan Wul, propose la remise à neuf d’un roman datant de 1957. Au long de ses onze romans publiés dans la célèbre collection Anticipation des éditions Fleuve Noir entre 1956 et 1959, Stefan Wul (Pierre Pairault de son vrai nom) a su s’imposer comme le grand maître français de la Science-Fiction. Ses mondes imaginaires ont inspiré bon nombre d’artistes, qu’ils fussent issus de la littérature ou du cinéma. Cette fois-ci, c'est au tour de Valérie Mangin et d’Emmanuel Civiello de rendre hommage au romancier en adaptant son Rayons pour Sidar à notre média de prédilection.

En suivant les pérégrinations de ce mystérieux personnage lancé à la poursuite de son alter ego mécanique, le lecteur découvre un écosystème d’une grande richesse, mais recelant de nombreux dangers. La tenue coloniale du héros et l’enracinement de cet administrateur terrien font écho à une période révolue, où l’homme blanc partait à la conquête de civilisations jugées inférieures. Si le thème de la colonisation est abordé, il est par contre difficile de s’attacher à la quête de cet homme maladroit et naïf, qui semble totalement dépassé par les événements. L’intelligence limitée d’autochtones venus alimenter des dialogues sans véritable intérêt et la narration légèrement confuse due à l’absence de scènes de transition, renforcent l’impression de suivre un récit, certes divertissant, mais jamais vraiment prenant.

Si la mise en place de ce diptyque a du mal à emballer, le dépaysement est cependant garanti grâce au graphisme d’Emmanuel Civiello (Korrigans, La graine de folie, La dynastie des Dragons). Abandonnant ses univers féériques pour se frotter à l'anticipation, il propose une galerie d’extra-terrestres particulièrement réussie, ainsi que des décors regorgeant de créatures menaçantes. Malgré un aspect légèrement trop fouillis, qui a tendance à surcharger les cases, voire même à rendre la lecture visuellement éprouvante, ce dessin fourmillant de détails constitue pour l’instant l’attrait principal de ce voyage.

Dévoilant un monde surprenant et des personnages atypiques, ce premier volet ne permet malheureusement pas encore de connaître les véritables enjeux de cette aventure imaginée par Stefan Wul.

Moyenne des chroniqueurs
6.0