Délices, ma vie en cuisine
A
u moment d’évoquer des souvenirs d’enfance, certains s’attachent à des détails ou à des événements marquants : une chute de vélo, une bêtise sévèrement réprimandée ou, peut-être, la naissance d’un petit frère… Quand Lucy Knisley repense à ses jeunes années, elle ne peut s’empêcher d’y associer la nourriture, en particulier celle issue des délicieux plats que confectionnait sa maman. Il faut dire que, depuis toute petite, elle a baigné dans un environnement qui a placé l’Art culinaire au centre de la vie de famille, le slogan « vivre pour manger et non manger pour vivre » prenant tout son sens. Entre un père fin gourmet qui ne ratait jamais une occasion de tester quelques épices dont les armoires étaient garnies et une mère es-cuisinière qui n’hésitait pas à tester de nouvelles associations plus ou moins réussies, Lucy, et son goût immodéré pour la gastronomie, sait de qui tenir.
En parcourant cette mini-autobiographie - à vingt-neuf ans, il ne peut en être autrement –, il serait aisé de penser que la vie de Lucy n’a été qu’un long fleuve tranquille parsemé de découvertes et de rencontres extraordinaires : Manhattan et l’épicerie de son oncle, des voyages exotiques au Mexique ou au Japon et des études couronnées de succès dans une université de Chicago. Il y eut pourtant la séparation de ses parents, les difficultés relationnelles avec son père, le déménagement douloureux à la campagne avec sa mère et le délicat passage à l’adolescence. Ces moments sont abordés avec humour, et même si un brin de nostalgie apparaît parfois au détour d’une case, il est rapidement effacé par une pirouette ou un bon mot.
Surfant entre gaufrier classique et carnet de croquis, l’auteure s’affranchit de toutes contraintes. Elle expérimente, assaisonne, épice dans un méli-mélo de saveurs qui sauront séduire les plus exigeants. Un mini album photo authentique servi en guise d’épilogue - ou de digestif - donne par ailleurs l’étrange et délicieuse sensation d’avoir partagé le journal intime d’une amie.
En douze chapitres, entre lesquels s’immiscent quelques recettes variées et joliment documentées, Lucy Knisley prouve, si besoin était, que la cuisine, par son éclectisme, se révèle finalement universelle.
7.5