22 1. Une enquête explosive 1/2

S ans évoquer les possibles dérapage en matière d’éthique, certaines ressemblances peuvent être observées dans les agissements des flics et des bandits. Pour les uns et les autres, des épisodes mêlant action et adrénaline (course-poursuite aux basques d’un délinquant ou fuite express après un braquage selon le rôle occupé) succèdent à des périodes d’inactivité presque totale (planque au cours de laquelle il ne se passe rien ou presque d’un côté, mise au vert pour se faire oublier de l’autre). Sans compter que dans les deux camps, chacun a son lot de « bleus » à initier, à contenir pour éviter qu’ils ne commettent l’erreur ou l’imprudence fatale. Les agents de la force publique ont en plus à composer avec les débordements (coup de folie, mythomanie et quelques autres travers) des citoyens qu’ils sont chargés de protéger et servir.

Voilà, de manière transversale, les ingrédients de 22, la nouvelle série concoctée par le vieux routier David Chauvel et le fraîchement engagé dans la BD Olivier Le Bellec, membre de la Brigade de Répression du Banditisme. L'apport de ce dernier en terme de « matière première » est une caution qui donne une authenticité bienvenue, même si, depuis longtemps, chacun est gavé de récits policiers. Les anecdotes sont intéressantes (un cas choc en ouverture, un abus « de tous les jours » un peu plus loin) et elles sonnent vrai (le culot des voyous, les signes d’arrogance et les échanges entre les protagonistes). La qualité des dialogues et l’art du séquençage donnent une moelle, en même temps qu’une véritable plus-value, à ce premier volet.

Pris individuellement, même s'ils relèvent d'un choix pertinent, les éléments composant cette Enquête explosive ne sortent en effet pas de l’ordinaire. Pourtant, l'alternance entre différents théâtres d’opérations, de séquences musclées qui succèdent à des passages moins spectaculaires, de voies parallèles qui finiront bien par se croiser (se percuter ?), rend l'ensemble tout à fait efficace. Pour sa part, Thierry Chavant, bien loin du XVIIIe siècle et des contrées exotiques de Blanche (Delcourt), propose une mise en images variant elle aussi les constructions. Avec quelques vues typées cinémascope sur des décors on ne peut plus parisiens, il fait mouche en évitant toute monotonie, que ce soit dans les moments plus bavards ou, au contraire, dénués de texte.

Évitant l’aspect reportage sans renoncer à une forte dose de réalisme, 22 est une bonne et dynamique lecture de ce début d’année. Mais quand même… David Chauvel qui fourgue un scénario solide, ce n’est pas une surprise en soi, mais qu’il deale des étuis portant sa signature, utilisés par des revendeurs de drogue (dernière page), c’est du joli, même pour le collectionneur de para-BD alléché par une hypothétique pièce à dénicher...

Moyenne des chroniqueurs
6.3