Petit miracle 2. Tome II
N
é de l'union peu orthodoxe d'une nonne et du corps sans vie de l'officier de La Barre, torturé pour blasphème, Denis ne pouvait être un petit garçon comme les autres. La tête séparée du corps depuis la naissance, il sera l'objet de bien des convoitises une fois échappé du cloître qui le vit grandir durant ses 14 premières années.
Tour à tour considéré comme monstre, curiosité ou source de profit, Denis a bien l'intention de faire payer aux hommes leur avidité et surtout de réhabiliter l'honneur de son père, assassiné par l'Eglise.
Si le premier tome de Petit Miracle se lisait distraitement, sans déplaisir, la lecture de cette conclusion apporte une toute autre saveur au récit. Emprisonné à la Bastille sur décision du Roi et libéré par la Révolution Française, Denis découvrira aux dépends de ses geôliers la jouissance d'instrumentaliser les foules. Le couvant auparavant d'une attention toute paternelle, Talleyrand réalise que l'enfant qu'il protégeait dans le premier tome n'a plus rien à voir avec le génie du mal qui, sous couvert de servir les études humanistes de Guillotin, participera au macabre succès de 'La Veuve'. De massacres populaires en messes noires, on découvre un petit être foncièrement mauvais, déstabilisant les plus habiles intrigants, à l'image d'un Talleyrand horrifié.
Le décor historique se prête à merveille au récit. L'époque troublée, ses débordements et ses figures historiques trouvent une place de choix dans les aventures improbables de ce petit monstre. Le travail de recherche sur ce plan enrichit l'intrigue de Valérie Mangin et l'on se repère sans mal à travers les différentes époques de la période révolutionnaire.
Le dessin de Griffo reste élégant malgré quelques disproportions. Les personnages sont expressifs et la mise en couleur de l'ensemble réhausse l'atmosphère de chaos ambiant. Avec ce changement de ton, Petit Miracle risque de surprendre son lectorat car, plus que les actes de barbarie auxquels participera le petit Denis, c'est la malice infernale peinte sur sa figure qui marquera le plus.
On sort tout de même un peu déçu de sa lecture. Malgré cette petite leçon d'Histoire de France, il est difficile de passer outre le changement de personnalité (détestable) du jeune héros qu'une sinistre illustration de couverture annonçait pourtant bien.
6.3