SuperWorld 1. Ghetto Party

D ans un futur pas si lointain, l’humanité vit en sécurité derrière un bouclier spatial placé en orbite par des super-héros afin de protéger la Terre des agressions extérieures. La mise en place de ce système de défense imparable a cependant coûté la vie à toute une génération de post-humains. Depuis, en guise de gratitude et afin de contrôler leurs faits et gestes, leur progéniture vit cantonnée dans un quartier résidentiel luxueux situé au pied de la Tour Eiffel. En échange de cette vie oisive à l’abri du besoin, ils ont renoncé à utiliser leurs capacités extraordinaires. Un événement inattendu va néanmoins remettre en question cet ordre établi…

Après Bad Ass et Le Cercle, une nouvelle trilogie voit donc le jour au sein de cette collection Comics Fabric des éditions Delcourt, qui propose des comics réalisés par des auteurs européens. Le titre et la très belle couverture signée Stéphanie Hans ancrent immédiatement cette nouvelle série «made in France» dans le genre super-héroïque. Démarrant son récit par la célèbre devise de Spider-Man (« Grands pouvoirs, grandes responsabilités ») et proposant un concept qui fait inévitablement penser à Rising Stars, Jean-Marc Rivière ne se contente pourtant pas de recycler des idées déjà surexploitées outre-Atlantique. Pour sa première incursion dans le monde de la bande dessinée, le romancier multiplie certes les références aux œuvres américaines, mais a l’intelligence de situer cette saga dans une ville de Paris délicieusement détournée et dans un monde qui n'a plus besoin d'être sauvé… où les super-slips n’ont plus de véritable raison d’être.

Bien loin de l’âge d’or des super-héros, l’auteur dépeint une société très contemporaine où les véritables vedettes se nomment Johnny Depp, Angelina Jolie ou David Guetta et s’intéresse à une bande d’adolescents pleins de tunes, mais sans but. Enfermés dans des ghettos de riches, enviés par ceux qui vivent à l'extérieur et orphelins de parents et de valeurs, ces gamins rebelles et capricieux finissent par se fatiguer d'être ainsi restreints dans leur liberté. Sans virer dans la critique sociale, le récit privilégie le divertissement, mais s’amuse tout de même à aborder des thèmes très à la mode, tels que le star-system ou les déboires des gosses de gens fortunés.

Si cette mise en bouche prend le temps d’installer ses personnages, tout en distillant les éléments nécessaires à la compréhension de cet univers avec parcimonie et savoir-faire, le rythme s’accélère lors du dernier tiers, promettant une suite plus portée sur l’action. Visuellement, Francesca Follini allie un trait dynamique à des personnages hyper-expressifs. Combiné à un découpage très comics, ce dessin inspiré des manga insuffle beaucoup de fluidité à la lecture et se met entièrement au service de l’histoire.

Un premier volet efficace et divertissant, pourvu d’un cliffhanger qui ne manquera pas de donner envie de découvrir la suite.

Moyenne des chroniqueurs
7.0