LastMan 2. Tome 2

V oilà donc le jeune et chétif Adrian Velba et son comparse, le rugueux vétéran Richard Aldana, qualifiés pour les demi-finales du tournoi du roi. Duo improbable que ce presque adolescent mal assorti d’une brute épaisse, il devra affronter la fine fleur des combattants d’art martiaux de la région. L’affaire est mal engagée.

Il est des récits dont le point fort est de surprendre. Pour Lastman , c’est tout l’inverse. Le trio d’auteurs, toujours potache, prend un malin plaisir à revisiter les classiques et à donner au lecteur ce qu’il attend. La trame est calée d’avance et les passages obligés de tout bon récit de compétition sont respectés à la lettre. Une vraie check-list. Et pourtant, bien que tout soit cousu de fil blanc, c’est grâce à une mise en scène savamment orchestrée que l’on tourne les pages avec avidité. Vous en avez rêvé ? Lastman l’a fait ! Mais il reste heureusement une part d’énigme et d’enchantement entretenue par des inserts anachroniques (motos, fusils) disséminés ça et là dans ce monde féodal. Sans parler du passé de Richard Aldana, des plus obscurs. Une fois la compétition achevée, comme un teaser pour les tomes à venir, l'histoire semble prendre une nouvelle tournure et ce sera alors la gageure pour la suite de la série : étonner.

Un dessin dépouillé qui va à l’essentiel, un découpage très efficace... tout est fait pour que ce manga à la française, sans scènes inutiles, soit une réussite. Jusqu’aux petites chroniques humoristiques en fin d’album, qui mêlent private jokes entre auteurs et auto-dérision.

Il aura fallut presqu’un quart de siècle depuis Akira pour que la jeune génération s’approprie réellement les codes du manga. Exit les nez en trompette et les grands yeux en goutte. Avec Lastman, et l’excellent Big Crunch de Rémi Gourrierec, les petits Français assument leurs influences asiatiques sans complexe et, loin de faire des plagiats en couleurs, créent des univers à la fois très riches et très personnels. Reste le problème du coût de ces ouvrages. À quel public s’adressent des mangas à pratiquement treize ou quinze euros pièce ? Espérons que les amateurs seront assez nombreux pour pérenniser ces oeuvres vraiment novatrices...

Quoi qu’il en soit, ce deuxième tome de Lastman se dévore, et c’est jouissif !

Moyenne des chroniqueurs
7.2