(AUT) Franquin 27. Franquin et les fanzines

Franquin et les Fanzines - Entretiens avec la presse souterraine 1971-1993. Ainsi se présente ce petit pavé de près de cinq cents pages condensant les interviews que le maître a donné aux journalistes amateurs tout au long de sa carrière. La démarche démontre un intérêt réel. De par leur amateurisme, les fanzines ont échappé aux contraintes "officielles" et ont souvent offert aux auteurs un espace d'expression plus libre que dans les autres médias. Ou que dans leur propre maison d'édition. Dans le cas d'André Franquin, l'attrait est double tant ce dernier a toujours été un fervent supporteur du fanzinat, n'hésitant jamais à donner de lui-même pour aider la jeunesse qui s'y développait.

Suivant le degré de franquinophilie affiché, cet ouvrage s'appréciera de façon fort différente. Le novice prendra plaisir à découvrir un homme perpétuellement accueillant, répondant sans ambages à toutes les questions, y compris les plus saugrenues. L'amateur éclairé trouvera peut-être redondant la répétition des mêmes propos, mais sera sûrement satisfait de pouvoir en posséder une trace. Cela même si elles ne lui apporteront rien de plus, loin s'en faut, que la bible en la matière, le fameux Et Franquin créa Lagaffe de Numa Sadoul.

L'averti et fin connaisseur, lui, sera forcément déçu. Il pinaillera tout d'abord, sans en vouloir aux auteurs, en constatant qu'il manque éventuellement une ou deux interviews oubliées. Il cherchera à comprendre la logique d'inclure celles données pour un dossier de presse, un tirage de tête d'album, le magazine d'Angoulême, ou pour la version flamande des intégrales Rombaldi. Et surtout il regrettera de ne pas voir figurer tout ou partie des illustrations réalisées pour d'autres fascicules, ce qui aurait apporté un autre cachet à l'ensemble. Tous ces défauts ne l'empêcheront bien sûr pas d'acheter ce livre.

Ne pouvant qu'être imparfait dans son contenu, de par ses manques et la redondance des entretiens, l'intérêt de ce recueil est peut-être ailleurs. À travers les portraits et témoignages des interviewers de l'époque, dont la plupart font maintenant partie intégrante du microcosme de la bédé, se dresse en filigrane le portrait d'une ou deux générations ayant épousé la cause de la bande-dessinée et écrit une partie de son histoire.

Moyenne des chroniqueurs
6.5