Ekhö monde miroir 1. New York

A ccorte jeune fille, Fourmille Gratule est sur le point d’atterrir à New-York lorsque se présente à elle Sigisbert de Motafiume, clerc de notaire de son état. L’incongruité de cette prise de contact en plein vol long courrier est renforcée par la nature de l’individu. Il est assez rare en effet de voir un écureuil doué de parole chargé de la succession de votre grand-tante décédée il y a vingt ans. Le destin de Fourmille va définitivement basculer en acceptant l’héritage. La pauvre se retrouve propulsée dans le monde miroir d’Ekhö, non sans y avoir entraîné à son insu son voisin de siège, l'infortuné Yuri Podrov. Face aux particularités de ce nouveau lieu, face à l’esprit de son aïeule qui se permet de la posséder de temps en temps, la blonde héroïne aura fort à faire pour s’adapter à sa nouvelle vie.

Toujours aussi à l’aise dans la création d’univers fantastiques, Arleston offre ici un sympathique terrain de jeu à son compère Barbucci. Ce dernier ne se fait pas prier pour s’en emparer et livre un album très agréable. S’il ne calmera pas l’attente de certains lecteurs quant au prochain Sky-Doll, il en satisfera une grande partie. Le récit présente malgré tout quelques faiblesses. La première est bien sûr inhérente à la difficulté d'installer les repères indispensables aux fondations d’une série. Ici, le partage entre la présentation de ce nouveau monde, l’intrigue de fond concernant l’origine de celui-ci et, bien sûr, l'« enquête » à résoudre au cours de cet épisode se fait au détriment de cette dernière qui passe quelque peu en arrière plan. Le second travers vient d’un des concepts de la série. La protagoniste se voit habitée par l’esprit de ceux dont elle doit clarifier les circonstances de la mort afin, d'une certaine façon, de les libérer. Si cette situation est bien sûr source de scènes cocasses, il est à regretter que Fourmille n’en garde aucun souvenir. Elle adopte de ce fait une attitude relativement passive dans la résolution du mystère, ce qui lui fait perdre une partie de son attrait. Heureusement, la richesse de l’univers imaginé fait oublier ces défauts. Décors fourmillants, créatures à la forte personnalité, qu’ils soient principaux ou secondaires, les auteurs n’ont pas été avares de leurs efforts et, surtout, parviennent à communiquer le plaisir éprouvé dans cet exercice.

Les amateurs d’Heroic-fantasy très fantaisiste, de charmantes donzelles, de jeux de mots et autres références improbables trouveront ici leur bonheur. Les autres peuvent se laisser séduire, s’ils le désirent, par les nombreux atouts de Fourmille.

Moyenne des chroniqueurs
7.0