Univerne 2. Big apple
L
a mémoirette d’Honorine et l’informathématik dérobé lors de l’exposition universelle de Paris en poche, Juliette, Ernest et Randal atterrissent à New-York. Leur objectif : Nikolas Tesla, le seul à même de leur fournir l’énergie nécessaire pour utiliser l’ordinateur d’Univerne et réussir à lire le message de la femme de Jules Verne. Pendant que Randal part retrouver ses compagnons de lutte, ses deux condisciples se rendent au rendez-vous que leur a fixé Gordon Bennett, le magnat de la presse américaine. Ce dernier, détestant Tesla et son idéologie, accepte de les financer de manière presque illimitée en échange de l’exclusivité de leurs aventures...
Poursuivant leur uchronie steampunk, c’est dans la Grosse Pomme que Morvan et Nesmo situent ce second tome d’Univerne. Y convoquant les figures historiques de Tesla, Edison et Bennett, jouant à leur inventer un autre destin souvent à l’opposé du vrai, ils donnent de plus en plus corps à leur idée de base, créer le monde imaginé par Jules Verne. Si l’intrigue est a priori plus accessible que dans le premier opus, le rythme, lui, est toujours aussi fou. C’est d'ailleurs bien là que le bât blesse. Cette overdose d’actions, due à l’enthousiasme et la gourmandise des auteurs, a bien sûr des conséquences. Si elle se comprenait pour un premier épisode installant un nouvel univers, elle devient ici une vraie gêne pour la compréhension de l’ensemble des intrigues et l’approfondissement des personnages. Tout d'abord pour Juliette Hénin qui semble subir les événements dans cet album. L’héroïne principale, journaliste et suffragette, n’est pas loin en effet de se retrouver à jouer les rôles secondaires, utiles uniquement pour leur plastique. Situation paradoxale et fortement dommageable tant elle était l’élément intéressant et attractif de cette série. Graphiquement, certains seront peut-être déçus de ne pas voir Nesmo avoir la possibilité d’illustrer plus amplement New-York comme il avait pu le faire pour Paris. D’autres ne seront pas convaincus par ses choix de mise en scène ou par ses partis pris anatomiques. Il n’empêche que son dynamisme est à relever et surtout à suivre, tant il est représentatif d’une nouvelle génération d’auteurs franco-belges ayant su digérer et surtout intégrer les influences des comics et des mangas dans leur dessin.
À la fois enthousiasmant par plusieurs aspects, et souvent énervants par d’autres, tant la volonté d’en faire trop nuit parfois à l’ensemble, Univerne est une œuvre à part. Elle trouvera forcément un écho auprès des lecteurs fans d’uchronie, de steampunk, et d’univers mélangeant sans restriction influences franco-belge, comics et manga. Pour les autres, on ne saurait trop leur conseiller d’y venir avec prudence.
5.5