La femme à barbe

O uverture sur un Freak show, les couleurs sont vives et criardes, le public à l’avenant, invectivant et excité, le spectacle peut commencer. Celle qui était la reine de communauté du bizarre, Mademoiselle Ludisia, femme à barbe, est prostrée dans la grisaille de ce qui doit être sa chambre ou sa loge. Elle fixe un petit miroir qui lui renvoie l’image de ses yeux rougis sur son teint blafard. Le passé remonte à la surface et se mélange avec le présent.

De prime abord, l’atmosphère fait penser à celle de (Rosalie Blum), le triptyque de Camille Jourdy. D’une part, pour la douce folie qui semble bercer les personnages vivant comme en marge de la société, d’autre part, pour l’ambiance surannée qui émane des teintes utilisées, conférant une touche vieillotte à ce récit. La comparaison s’arrête là.

L’histoire, sans être vraiment compliquée, ne démarre jamais vraiment, se perd dans les époques et ressemble plus à un enchainement de séquences assez attendues, sans lien profond entre elles, qu’à un tout cohérent et faisant sens. De surcroit, Ludisia se révèle assez insipide derrière sa barbe et, tragiquement, son destin indiffère plus qu’autre chose. Les autres protagonistes sont malheureusement du même tonneau, fades, comme si le dessin ne parvenait à retranscrire les émotions. Seules les couleurs à l'aquarelle paraissent porter des sentiments, être dotées du souffle de la vie.

En lisant ce livre, comment ne pas penser aux films Freaks de Tod Browning et Elephant man de David Lynch, voire à certains aspects des bandes dessinées de Didier Comès ? La comparaison est terrible. La femme à barbe se lit d’une traite, pas pour les bonnes raisons.

Moyenne des chroniqueurs
2.0