Albin et Zélie

A lbin, grand et gros à la fois, a la trentaine et une existence que beaucoup qualifieraient de vide. Seul Jacques-Yves, son poisson rouge (enfin, plutôt blanc avec une tâche rouge sur la tête), semble l’égayer. Heureusement, pour lui qui a toujours rêvé de voyager, tout ce morne équilibre quotidien va basculer et s’animer quelque peu. Comment ? Rien de bien exceptionnel. Juste une fille qu’Albin apercevra dans la rue. Juste cette fille dont il obtiendra le nom et l’adresse par Jacques-Yves (oui, celui à la tâche rouge). Juste cette fille qu’il accueillera chez lui après qu’un OVNI se fut écrasé sur la résidence où elle vivait. Ainsi commence l’histoire d’amour d’Albin et Zélie. Car c’est bien d’amour qu’il s’agit. Malgré les extra-terrestres et les poissons rouges qui parlent…

Albin et Zélie peut d’ores et déjà être qualifié comme la bonne surprise de cet été. Pour son premier album, Yannick Marchat nous emmène tout au long de ces cent-soixante pages dans une aventure particulière, mêlant poésie, quotidien et irrationnel. Si son dessin comporte son lot de petites imperfections et de raccourcis propre à tout « débutant », l’auteur se rattrape grandement sur sa mise en scène. Utilisant principalement un découpage en gaufrier, il n’hésite jamais à en sortir pour bousculer le récit. En véritable chef d’orchestre de son intrigue, il en impose ainsi le rythme avec un réel talent et nous entraîne dans le voyage extraordinaire que vont vivre ces personnages. Le choix d’un noir et blanc simplement rehaussé d’aplat gris apporte aussi une touche particulière à l’ensemble en mettant en valeur le dynamisme dans l’encrage.

Tous les lecteurs ne seront pas pour autant convaincus par ce scénario sortant de l’ordinaire. Il leur faudra d’abord accepter que ce qui s’annonçait comme une tranche de vie parte rapidement dans un certain fantastique. Il leur faudra aussi accepter que cela s’achève dans un romantisme fortement assaisonné de bons sentiments. Et alors ? Il n’y a pas de mal à se faire plaisir et à savourer parfois une simple et sympathique histoire d’amour. Surtout quand elle est racontée de fort belle manière !

Moyenne des chroniqueurs
7.5