Matt Peterson 1. London running

P hotographe au journal L'Équipe Matt Peterson arrive à Londres pour les Jeux Olympiques de 2012. Avec son collègue journaliste, ils doivent couvrir les entraînements des athlètes en marge de la compétition. C'est en prenant une photo anodine au bord d'un stade qu'ils vont se rendre compte qu'un drame se joue et qu'une machination est en train de se mettre en place. Au centre de celle-ci, un marathonien tchèque inconnu et une multinationale du sport-business.

Réel engouement pour la bande dessinée ou simple investissement, les journaux d'actualité se mettent au 9ème Art. Après Journal d'un journal de Mathieu Sapin sur la rédaction de Libération et son récent Campagne présidentielle, c'est L'Équipe qui profite des JO pour augmenter sa visibilité en s'associant avec Casterman pour offrir à Bollė et Stom (qui n'est autre que Jean-Yves Delitte) une tribune pour les aventures de leur personnage (de commande ?). Seul mot d’ordre : chaque épisode doit se dérouler durant un évènement sportif majeur. Le sport a toujours offert des séries où l’athlète était le centre d’intérêt et l’acteur principal de l’histoire. Cette fois, le concept est légèrement différent, les journalistes mènent la danse et les épreuves ne sont que l’arrière-plan. Point de course de voiture (Michel Vaillant, Mauro Caldi), ni de moto (Julie Wood) et encore moins de dribles prodigieux (Eric Castel), mais une enquête plutôt bien menée avec une intrigue qui tient la route, sans cascades dopées aux effets spéciaux ni records mondiaux. De l’ordinaire dans un milieu exceptionnel qui reste efficace même si sans grande surprise et parfois un peu lent.

Fidèle à son style, Jean-Yves Delitte déroule ses paysages détaillés sur fond de ciels et autres décors calqués ici et là sur des photographies et anime ses personnages au physique usagé. Chez ce dessinateur, la rapidité d’exécution nécessite des automatismes qui vont jusqu’au manque de diversité. Passée cette particularité qui ne cesse d’exaspérer certains lecteurs, le graphisme demeure dynamique et ne souffre pas du manque de discernement entre protagonistes, les barbes et autres lunettes jouant parfaitement leur rôle. Le réalisme est assuré pour cette bande dessinée d’investigation qui plonge dans les coulisses de l’exploit sans en montrer une seule miette.

La série survivra-t-elle à l’après JO ? Les auteurs pourront-ils rebondir sur des événements antérieurs pour se renouveler ou devront-ils se rabattre sur une actualité de moindre envergure ? La suite au prochain numéro.

Moyenne des chroniqueurs
6.0