Seuls 7. Les Terres Basses
A
lors que l’affrontement territorial entre les deux clans d’enfants culminait, ces derniers s’étaient vus coincés dans la zone rouge qui venait de s’enfoncer dans la terre. Pris au piège, l’heure de la collaboration entre les deux parties a sonné. La situation est d’autant plus urgente que nombres d’enfants se retrouvent comme zombifiés et tentent de contaminer les autres. Le sort de la communauté repose sur les épaules de Dodji et Saul, qui devront mettre entre parenthèse leurs différends afin de pouvoir sortir leurs compagnons de la zone maléfique. Tout en espérant qu’un danger plus grand ne les attende pas ailleurs…
Déjà le septième tome pour cette œuvre qui a su s’imposer comme un réel succès auprès d’un public jeune. Graphiquement, il n’y a absolument rien à redire quant au travail de Bruno Gazzotti. Au niveau de l’histoire, les avis risquent d'être nettement plus partagés. Disons-le tout de suite, ce n’est pas dans ce tome que les lecteurs trouveront une réponse à leurs questions. Pour beaucoup de lecteurs adultes, ce nouvel album sera peut-être celui "de trop", tant l’accumulation de pistes non résolues, cette impression d’en rajouter encore et encore, et la sensation de voir en référence les unes après les autres de grandes séries d’anticipation, littéraires ou télévisuelles, sont pesantes voir gênantes.
Pour le lecteur plus jeune, la donne est tout autre. Et il faut saluer le pari fait par Fabien Vehlmann. Son objectif n’est a priori pas de toucher un ou plusieurs cœurs de cible donnés et de fournir des réponses, mais plutôt d’accompagner une génération de lecteur tout au long de l’adolescence. Quoi de mieux quand on est un jeune lecteur que de pouvoir disposer d’un récit ouvert et de faire marcher son imagination plutôt que son esprit rationnel. Il est aussi intéressant de voir comment au long des sept albums les protagonistes semblent mûrir, à l’instar de leurs premiers lecteurs. D'enfants livrés à eux-mêmes et ne vivant d'abord que pour eux, les personnages principaux sont devenus de jeunes adolescents se révélant dans leur rapport aux autres et connaissant pour certains dans cet album les prémices des premières relations amoureuses. Refusant les schémas classiques habituels, Seuls a choisi une voie que d’autres séries à grands succès tels que Harry Potter ont récemment empruntée: accompagner une génération de lecteurs en leur proposant des héros évoluant au même rythme qu’eux.
Dans le cas de Seuls, ce choix est nettement plus risqué. La faute à une série dont l’identité de fond n’est pas franchement établie. Si ce choix permet aux auteurs de faire découvrir à leurs jeunes lecteurs différents genres et de toujours les intéresser en leur proposant de nouvelles pistes, il peut se révéler à double tranchant quand il faudra réellement conclure et ne pas décevoir.
6.8