Souvenirs de la Grande Armée 4. 1812 - Les Chasses du comte Joukhov

C ’est l’heure de l’héritage du Lieutenant Godard. Il repose maintenant en paix et ses mémoires reviennent à ses enfants. Son fils Charles ne souhaite plus en entendre parler et veut tout brûler mais sa femme le raisonne. Il finit par se plonger dans le récit de ce qui va être la débâcle de 1812 de l’armée napoléonienne en suivant les traces de son père qui vit avec les fantômes de ses amis perdus au cours des batailles précédentes. C’est l’esprit torturé qu’il aborde cette expédition…

Ce quatrième tome conclut logiquement les campagnes de Napoléon par une défaite historique. Cinq années passées sur les routes d’Europe et, 200 ans plus tard, cinq années passées sur la planche à dessin, aboutissent à une rencontre avec le Comte Joukhov, un cosaque fou en pleine Russie. Pour Godart et de nombreux hommes ce sera la fin du voyage. Michel Dufranne et Alexis Alexander ont retracé une partie des batailles de la Grande Armée sous l’angle de l’existence presque ordinaire de ses soldats. Godart était l’un deux. En présentant une version "humaine" d’une boucherie sanguinaire, les auteurs permettent de s’identifier aux protagonistes, même si ce terme est forcément galvaudé étant donné l’ampleur du désastre et des conditions de vie des hommes de troupe de cette époque. Les personnages sont beaux et charismatiques dans leur délire destructeur et entrainent le lecteur dans une fuite vers la mort ou la folie qui ne peuvent être qu’inévitables.

Le dessin met en avant la précision historique et un dynamisme indispensable au mouvement et à l’action pour célébrer le bicentenaire des campagnes de Napoléon. Quatre albums qui auront retracé l’épopée d’un homme pour tenter d’humaniser une armée passée à la postérité. Un hommage ? Peut-être. Plus sûrement un témoignage autour d’un ancêtre, basé sur une réalité assortie d'une dose fiction. Avec Les chasses du comte Joukhov, c’est la déroute sur les routes et dans les esprits pour une conclusion un peu embrouillée. Une manière de clôturer l’aventure d’un père trop loin de ses fils et d’une armée sur le déclin.

Moyenne des chroniqueurs
6.0