J'aimerais être un saint, mais bronzé

M arc est un soixantenaire bien établi avec femme, enfants, travail rémunérateur et les pensées existentielles de notre temps qui accompagnent une telle situation. Suis-je écolo responsable, suis-je suffisamment moderne sexuellement, l'éducation que j'inculque à mes enfants est-elle djeun's à souhait ? Bref, suis-je bien dans ma peau et "sociétalement" correct comme nous l'impose le monde actuel ?

Marc Villard se moque de lui-même, ou plutôt d'un personnage ayant ses caractéristiques principales. Il présente tous les atouts nécessaires pour être un objet de dérision tout en traitant de sujets aussi anodins, et pourtant essentiels, que le sexe, la vieillesse, la peur de la maladie, la mort ou la mode écolo. Dépassé par le monde qui l'entoure, il court après ses illusions pour mieux vivre le présent tout en se construisant une bonne conscience. La lutte contre les maux de la société est âpre, mais son confort personnel lui permet d'aborder avec sérénité ce moment délicat. La remise en cause et légère, comme l'humour qui ne parvient pas à détendre les zygomatiques plus que le minimum syndical imposé par une caricature facile bien qu'assez juste. Le sentiment qui en résulte est proche de la complaisance et de la fausse modestie de celui qui se met en scène pour paraître dans le mouvement.

En quatre dessins par planche, Jean-Philipe Peyraud (premières chaleurs, Grain de beauté) croque le sexagénaire qui veut rester "in" et qui pourtant ne fait que se ridiculiser. Le smiley du haut de page donne le ton au lecteur comme l'écriteau d'incitation aux rires ou aux applaudissements d'un public de prime time. Peu utile et plutôt déstabilisant.

À la mode blogosphérique, J'aimerais être un saint, mais bronzé a succombé. Sans le souffle et l'originalité d'un Boulet (Notes) ou d'un Martin Vidberg (Quinquennat nerveux), Marc Villard et Jean-Philippe Peyraud occupent un terrain bien balisé sans réellement apporter leur pierre à l'édifice qui reste donc branlant. Quand j'étais star ne présentait pas ces défauts et mérite un peu plus le détour pour ceux qui souhaiteraient découvrir le travail en bande dessinée de l'écrivain.

Moyenne des chroniqueurs
4.5