Zone rouge 1. Carrera

L es routes de la France des années 50 retentissent du vrombissement de moteurs des tractions 11 et 15, 203 Peugeot et autres bolides. La professionnalisation des pilotes n’est pas encore d’actualité et les courses sont de véritables épreuves de force pour les hommes et les mécaniques. Laurent, jeune commercial chez Citroën, vit sa passion à 100 à l’heure avec Richard, son mécanicien. Mais leur vieille « 11 » ne leur suffit plus. Le salon de l’auto 1955 va leur offrir une opportunité de passer à la vitesse supérieure avec l’aide de la concurrence de la marque aux chevrons. La Porsche 356 Carrera tend les bras au pilote amateur, comme la fille du représentant du constructeur allemand en France. Quand on peut joindre l’utile à l’agréable, pourquoi se priver ?

Dynamisme, humour léger et gentilles amourettes, Philippe Pinard et Olivier Dauger assument un tempo et une ambiance idéals pour construire un récit palpitant. Pour peu que l’on apprécie le milieu de la course automobile et le vocabulaire de revues techniques, comme peuvent les apprécier les auteurs, Zone rouge, qui est un savant mélange d’actions, de charmes et de techniques pointues, ravira le lecteur. Si en plus ce dernier savoure la ligne claire, le contrat sera plus que rempli.

Dans cet album, il y a du Jacques Martin, à ses plus belles heures, mais aussi du Floc’h. Les influences sont bien présentes et maîtrisées. Le développement des personnages permet l’élaboration d’un style propre qui permet de s’exonérer en partie de cette inspiration qui peut parfois être pesante. Le scénario tient le pavé, alternant périodes de course au rythme tonitruant et périodes plus calmes de préparation ou de vagabondages hors de ce cadre. La compétition n’est donc pas une fin en soi, intégrée dans un ensemble cohérent mettant en scène des hommes et des femmes réalistes au sein d’une aventure, elle pimente de dynamisme une narration déjà bien véloce. Si l’on arrive à oublier une certaine lourdeur de quelques descriptifs mécaniques. Les à-côtés, lorsqu’ils sonnent juste, sont parfois plus passionnants que le thème lui-même.

Sans doute la plus belle réussite de la collection Calandre à ce jour. Après la série à succès Ciel en ruine, Dauger et Pinard, sont à suivre. Cela tombe bien, ils ont déjà d’autres projets après ce diptyque qui démarre sur les chapeaux de roues.

Moyenne des chroniqueurs
6.5