Été indien pour la Mini

S ur la piste d'un trésor, la Salle des Offrandes d'une déesse hindoue, des archéologues et aventuriers s'affrontent dans une course poursuite échevelée qui les mène de la jungle à la campagne française, où un garagiste et sa fille leur mettent des bâtons dans les roues.

Ce treizième album de la collection Calandre éditée chez Paquet est un récit complet, oeuvre d'un auteur unique, puisque Régric en signe le scénario et le dessin. Cette collection faisant la part belle aux carrosseries d'après-guerre, la vedette de l'histoire est une Mini sur le capot de laquelle est gravé le plan menant au trésor. L'argument unique de l'intrigue est donc la lutte des protagonistes pour voler ou conserver cette précieuse automobile. L'héroÏne est la jeune et sexy Ana Purna, au pseudo bien tourné lui aussi. Dommage qu'une telle inventivité soit absente pour les autres personnages: le barbu archéologue Tumulus, clone du professeur Mortimer (avec le nez écrasé de Sharkey), le méchant professeur Silverspoon et l'assistant traitre et ivrogne Léon Castagnol. Les toponymes des lieux imaginaires de l'action sont logés à la même enseigne, avec ce " Rhicota", capitale du "Rawajambi" (qui ne nous font pas oublier le réjouissant "Cebohkoutro", capitale "Falhepa", du grand Godard dans son Martin Milan). Heureusement, Régric nous gratifie d'un " hôpital Hamus" , comme pour se racheter.Ces jeux de mots renvoient aux maîtres que se reconnaît l'auteur, les Hergé et Bob de Moor, auxquels il fait constamment référence jusqu'à la dernière vignette !

Au plan graphique l'hommage, certes laborieux, reste touchant. La sincérité de Régric, éperdu d'admiration pour les grands anciens de la Ligne Claire, fait cependant davantage penser au trait de Martial, notamment pour les visages. Quelques trouvailles de bon aloi parsèment une narration chaotique, telles ces bienvenues SMOURFL et SMURF, onomatopées soufflées par un taureau irrité, et cette composition en une case d'un passager reluquant les formes appétissantes d'une hôtesse de l'air sous le regard courroucé de sa compagne, une scénette que ne désavouerait pas Maurice Tillieux.

Le lecteur nourri des classiques de la bande dessinée franco-belge est partagé entre le plaisir des clins d’œil référentiels que l'auteur dessine à profusion, et la conscience nette des quelques imperfections graphiques sur fond d'enjeu narratif noyé dans les péripéties. Régric a la santé, et sa dynamique naïveté porte à l'indulgence.

Moyenne des chroniqueurs
5.0