Jules (Une épatante aventure de) 6. Un plan sur la comète

L 'ambiance du cercle familiale de Jules ne s'améliore pas. Ses parents s'isolent en regardant chacun de leur côté une télé navrante, pendant que son frère continue de se vautrer dans son idiotie. Heureusement que Janet vient passer quelques jours de vacances pour lui redonner le sourire. Ils sont vite rejoints par Tim et Salsifi, ses amis originaires d'Alpha du Centaure, qui apportent une mauvaise nouvelle : une comète va percuter la Terre et l'espèce humaine va disparaitre. Seule chance de salut pour les Terriens, la commission d'extraterrestre peut décider de dévier la trajectoire de la comète si Jules et Janet arrivent à prouver que l'espèce humaine mérite de survivre.

Il aura fallu cinq ans à Emile Bravo pour traiter ses différents projets avec les succès artistiques que l'on connait (Spirou, Maman est en Amérique... ), et revenir à son enfant prodige : Jules. Cinq années pendant lesquelles son héros n'a pas pris une ride, mais a renforcé sa détermination à ne rien laisser faire d'injuste tout en se laissant porter par les événements, comme le spectateur d’un monde qui part à la dérive. Emile Bravo ne s'interdit rien et ne recule pas devant la nécessité de chahuter le jeune garçon à l'esprit si bien intentionné. Ce dernier est balloté (même sur le plus grand yacht du monde) entre sa volonté de faire changer le monde et celle de vivre tranquillement en filant le parfait amour de jeunesse avec Janet. Le destin ne lui en laissera pas le choix : il devra faire de la lutte pour l'environnement son combat.

Comme à son habitude, Bravo distille "gentiment" différents messages par le biais d'une aventure avant tout amusante, d'abord destinée aux jeunes. Insidieusement, l'auteur arrive à placer une parodie, très bien sentie, d'un petit président devenu marionnette du pouvoir économique et industriel. Sa présence sur le yacht du richissime M. Pipard, nous renvoyant aux premières heures navrantes d'un quinquennat chaotique au beau milieu d’un hommage à Hergé via Rastapopoulos ! Mélangeant humour et sujets graves, Bravo réussit l’alchimie parfaite entre la bande dessinée dite "jeunesse" et celle pouvant être considérée comme "engagée". Jamais barbant, le traitement de la lutte pour l’environnement est réalisé sous l’angle de l’aventure et de la course contre la montre. La morale est proscrite et seul le discours reste en filigrane sans qu’il soit pesant. Quelques envolées du jeune garçon laissent penser qu’il est bien plus mature qu’il en à l’air, mais le récit reste à la portée de tous malgré la consistance des textes, et la légèreté est bien omniprésente. Le trait fluide et tout en finesse se joue de la gravité grâce à un ton toujours rigolo, rehaussé par les attitudes de Tim et Salsifi à la limite de la loufoquerie.

Une génération, au moins, sera marquée par ces "épatantes aventures", comme ont pu l'être d'autres par un personnage comme Tintin ou Spirou. Si en prime le message est bien reçu, l’espoir est permis pour l’avenir de l’humanité.