Lady Elza 1. Excentric Club

S e retrouver en pleine nuit sur les toits de Londres, pieds nus et en petit tenue, chassée par une furie jalouse et armée d’un revolver, cela incite à la réflexion sur son avenir. Comment en suis-je arrivée là ? Que vais-je devenir ? Lady Elza, jeune femme récemment divorcée et extravagante, se pose ces questions. Son cousin va trouver la réponse en lui proposant d’intégrer le très restreint Excentric club. Rite d’initiation et découverte de son « don » vont rythmer cette première aventure.

Certains personnages sont connus par les lecteurs des albums Les Rochester des mêmes auteurs. Lady Elza et l’inspecteur Bleach en sont issus, ce qui fait de cette nouvelle série ce que l’on peut appeler un spin-off. Mais la méconnaissance du passé des protagonistes n’est pas un frein à l’accessibilité de cet univers intelligemment construit pour permettre au néophyte de profiter pleinement de Excentric club. L’amateur d’ambiance très british, avec club, cigare, fantôme, lande brumeuse et mystère de circonstance y trouvera son compte. Charme, élégance et petite pointe d’humour à tous les étages, Lady Elza est la digne héritière du duo Blake et Mortimer en bien moins coincée ou tout simplement bien plus contemporaine.

L’élégance, Wurm en fait également usage pour mettre en image cette société britannique sortie tout droit de la ligne claire. Mais la rigidité qui peut parfois caractériser ce genre est ici gommée par une certaine fluidité apportée par un trait légèrement plus souple et dynamique, à l’image du travail d’Emile Bravo fondu dans celui de Floch. Le personnage de Lady Elza profite particulièrement de cet aspect, comme si le dessinateur souhaitait mettre en avant graphiquement son héroïne pour la différencier de son entourage, principalement constitué d’hommes. La tournure fantastique vient bousculer l’establishment en intégrant parfaitement le féminisme et le folklore anglais au sein d’une enquête relativement classique, et permet de distinguer le travail de Dufaux et Wurm d’une pléthore d’albums plus ou moins essentiels de cette rentrée surchargée.

Comment ne pas être séduit par cette jeune femme délurée et irrésistible qui perturbe le snobisme environnant avec une impertinence salutaire ?

Moyenne des chroniqueurs
6.0