Le cri du peuple 4. Le testament des ruines

M ai 1871, les troupes "versaillaises" du gouvernement Thiers commencent à entrer dans la ville de Paris défendue par les révolutionnaires de la Commune. Au milieu des combats et de la répression sanglante des armées "bleu-blanc-rouge" sur celles du drapeau rouge, un homme est à la recherche d'un autre. Bassicoussé, devenu Horace Grondin, sous-chef de la Sureté, n'a toujours qu'une idée : celle de venger la mort de sa fille Jeanne qu'il croit assassinée par Tarpagnan.

Du bruit, du sang et des larmes. Pour ce quatrième et dernier chapitre de l'adaptation du roman de Vautrin, Tardi ne nous épargne rien : ni les massacres répressifs de l'armée française sur le peuple, ni les inutiles exécutions d'otages par les communards, derniers sursauts vengeurs d'hommes et de femmes qui se savent perdus.

La tâche n'est pas facile de faire vivre des extraits de vie dans la grande Histoire, surtout quand celle-ci est mal connue. Curieusement, la période de la Commune de Paris est peu (voir pas du tout) traitée dans la multitude de récits historiques qu'on nous présente un peu partout. Dans ce "Cri du peuple", les auteurs nous relatent les évènements tels qu'ils se sont déroulés, mais aussi tels qu'ils ont été vécus. C'est de la rue que nous découvrons les espoirs et les déceptions de celles et ceux qui ont combattu jusqu'au bout, n'ayant à perdre que la misère dans laquelle ils étaient cloisonnés. Qu'importe si le lecteur ne retient que brièvement les noms des acteurs historiques, dont on nous indique à chaque fois en quelques mots leur rôle. La véritable importance du récit n'est pas dans ceux que le dictionnaire retiendra, mais dans les évènements et les formidables espoirs, révolutionnaires d'un côté, réactionnaires de l'autre, qui se sont affrontés. L'inconnu prend le pas sur l'homme célèbre, et à mesure que le chaos s'intensifie, on comprend que la plupart des combattants n'ont pas la moindre idée des raisons pour lesquelles ils font couler le sang. Le bourreau agit par peur ou par obéissance.

Jean Vautrin et Jacques Tardi nous offrent dans cette série une véritable leçon sociale où se mèlent le rappel historique et les portraits de personnages à la fois cocasses et attachants au langage imagé. Plus qu'un roman graphique, c'est un hommage à l'humanité.