I.R.$. - All Watcher 7. Le trou noir financier

K azan Zorloff est All Watcher. Larry B. Max l’a démasqué trop tard pour éviter de nombreux morts : Antonia, Petra, Parker Todd, Abraham Romanovitch (bel anagramme), etc. Tous ceux qui, de près ou de loin ont approché le trou noir financier. Aidé de sa collègue Mia Maï, l’inspecteur de l’IRS va tenter d’enrayer la machination destructrice lancée par Zorloff et destinée à rayer de la carte plusieurs métropoles mondiales. L’enquête n’est plus financière et les règlements de compte deviennent personnels.

Desberg semble faire sien le précepte d’Albert Londres : « mettre la plume dans la plaie ». Sous couvert d’une enquête financière devenue relativement classique dans la carrière de Larry, il utilise son héros pour suivre une théorie défendue, entre autres, par le journaliste Denis Robert, quant à l’existence « d’un trou noir financier qui a remplacé les traditionnelles valises pleine de cash des mafieux et qui aspire tout : l’argent d’origine plus ou moins douteuse, les informations, les identités des bénéficiaires et des intermédiaires, etc . » Le scénariste ajoute une intrigue faisant appel au catastrophisme ambiant, mêlant ainsi considérations environnementales et économiques d'actualité. Ce dernier tome clôt cette série dans un flot d’action atténué seulement par quelques éclaircissements techniques et les révélations sur le passé qui a construit la personnalité machiavélique de Kazan Zorloff. Si les ficelles sont visibles depuis plusieurs tomes, il reste suffisamment d’inconnues sur le personnage d’All Watcher, façonné là encore, en partie, d'après les parcours troubles d’oligarques russes existants (Roman Abramovich, Mikhaïl Khodorkovsky), pour remplir 46 planches haletantes.

Avec sept tomes en deux ans, le rythme de parution accéléré, grâce à la multiplication des auteurs tenant le(s) crayon(s), comme l’imposent dorénavant des lecteurs qui ont érigé la fréquence de parution en principe de satisfaction, n'a jamais faibli. Il n'en est pas de même du volet graphique, plus inconsistant, en raison d'une succession de talents inégaux. L’efficacité de Marc Bourgne permet de mettre un point final et de relever le niveau avec un dynamisme et une précision inégalés sur ce spin-off qui n’a rien à envier, en terme de qualité, à la série mère.

Convaincu, semble-t-il, « que l’on ne s’oppose pas par la loi aux forces d’un monde en plein essor » comme le pense l’ex-magistrat - devenu enseignant et philosophe - Jean de Maillard, Stephen Desberg pousse son détective, d’habitude si droit, dans les méandres de l’illégalité. Contre un ennemi tel que All Watcher, seules des pratiques hors normes peuvent avoir un résultat. Larry doit donc légèrement bousculer l’ordre établi et enfreindre la loi pour arriver à ses fins. L’image de l’inspecteur propret est donc légèrement ternie par quelques taches qui burinent son teint trop halé pour être honnête et c’est plutôt agréable.

Une escapade qui prouve que la mode des séries dérivées peut réserver quelques bonnes surprise, même si, ici, elle traine légèrement en longueur par le souhait évident de mettre en avant des protagonistes aux identités très travaillées, et aérer un personnage parfois enfermé dans un style trop étriqué. On aura vraiment tout vu !

Moyenne des chroniqueurs
7.0