Toute une vie 1. Sarah

D ans un futur proche, l'humanité est condamnée à disparaître par la faute de la pollution des moyens de reproduction : de plus en plus d'enfants naissent difformes avant de mourir l'instant suivant. Tel est le prologue de l'histoire de deux vies en marge des grands évènements de la seconde moitié du XXe siècle.

Un homme et une femme... tadadadada tadadadadada.
Non, ce n'est pas l'adaptation d'un des films les plus connus de Claude Lelouch, mais il s'agit cependant bien d'un scénario du réalisateur. Et pour du Lelouch, c'est effectivement du Lelouch... quand celui-ci n'est pas au mieux de sa forme. Au cinéma, nous avons connu le meilleur (La bonne année, Itinéraire d'un enfant gâté, L'aventure c'est l'aventure) comme le pire. Pour le pire, cet album "Toute une vie" est une parfaite démonstration sur le papier au lieu de la pellicule.

Tout y est, on se croirait en train de visionner ces films dont on attend la fin : c'est ennuyeux, verbeux, avec des séquences qui n'en finissent pas et des propos au niveau de la philosophie de comptoirs. Ne prenons qu'un exemple : a priori au bout de 46 pages , le lecteur peut penser que l'histoire a deux personnages principaux, même s'ils ne se sont toujours pas rencontrés à la fin de ce premier tome. En revanche, un bon tiers de l'album est quand même consacré à la rencontre des grands parents, puis des parents des "héros" !
Alors qu'une simple séquence pouvait justifier l'attachement du père (orphelin dès sa naissance et ayant perdu l'amour de sa vie) vis à vis de sa fille ultra gâtée, Claude Lelouch et Bernard Swysen décident de tout nous montrer : de la rencontre des grands parents au décès de la mère. Et ça dure, avec les références simplistes aux deux guerres mondiales, aux camps de la mort, à Hiroshima, la création du cinéma, la révolution soviétique et ainsi de suite.
S'il s'agit de réduire la shoah à une case représentant un quart de page, c'est trop peu, autant faire l'impasse.

Le reste de l'album est à l'avenant : on suit les pérégrinations totalement dénuées d'intérêt des personnages en subissant une leçon sur les grands évènements des années 50 et 60 digne d'un Reader's digest, plus une pointe de théorie fumeuse sur le sens de la vie. Le tout bien entendu avec des protagonistes dénués de toute crédibilité, et encore moins d'épaisseur.

Alors évidement, avec un scénario poussif et lourdingue, le visuel de la chose en pâtit. D'autant plus que le dessin de Bernard Swysen ne provoquera malheureusement ni l'hystérie des adeptes du "dessin à grands effets", ni l'admiration des inconditionnels de la simplicité graphique. On n'a donc rien d'autre vers quoi ce tourner quand l'ennui atteint le lecteur. On décroche, tout simplement.

Moyenne des chroniqueurs
3.0