Le marquis d'Anaon 3. La providence
A
cceptant l'invitation d'une jeune (et belle) comtesse espagnole à l'accompagner dans son pays, Jean-Baptiste Poulain s'embarque dans un nouveau voyage qui sera peut-être son dernier. En pleine tempête, les voyageurs croisent la route d'un navire baptisé "la Providence". Est-il en détresse ? Est-il abandonné ? Ce n'est qu'une fois la mer calmée que l'on découvre qu'il ne s'agit que d'une épave jonchée de cadavres. Une fois de plus, celui qui se fait appeler Marquis d'Anaon se retrouve face au mystère et à la mort qui frappera de nouveau.
Fabien Vehlmann et Matthieu Bonhomme, ces deux noms reflètent les grandes promesses de demain. Ainsi, sous le couvert d'une série pas vraiment historique mais pas fantastique non plus, nous proposent-ils un récit d'une grande finesse et d'une indéniable qualité. Le Marquis d'Anaon, c'est un mélange entre l'horreur sombre à la Edgard Poe et l'histoire des Lumières.
Le dessin à la fois précis et très esthétique de M. Bonhomme, qui n'est pas sans rappeler une influence de Rossi, illustre à merveille l'oppression tout d'abord sous-jacente puis explosive de ce huis-clos marin. Il y a une grâce dans ce graphisme, quelque chose qui fait qu'on admire le style sans que l'efficacité en pâtisse. Quand au scénario de F. Vehlmann, c'est un mélange de simplicité et de feuilleton populaire. Il n'y a pas de volonté d'"épater" le lecteur, bien au contraire, pas d'intrigues compliquées ni de rebondissements successifs et superficiels. Ici, tout est clair, précis et dans la droite ligne pour arriver à une fin inéluctable. Certains lecteurs pourraient regretter un manque de passion, parlons plutôt d'une forme d'humilité.
Enfin, signalons que, même si ce troisième tome peut être lu comme un one-shot, les habitués de la série se réjouiront à la lecture du fac-similé de la "Gazette de l'année 1731" qui fait un portrait très amusant du héros et de ses précédentes aventures. Quand aux autres, il s'agit d'une série à découvrir.
7.3