L'histoire des 3 Adolf 1. Vol.1
L
e tome trois de L'Histoire des 3 Adolf commence en 1940, alors que le Japon fête ses 2600 ans d'existence. Adolf Kaufmann, fils d'un haut dignitaire Nazi et d'une japonaise de Kobe, ne s'en soucie guère. Il a été envoyé contre son gré en Allemagne, à l'Adolf Hitler Schule, pour devenir membre des Jeunesses Hitleriennes. Là va commencer chez lui un véritable questionnement sur les idées antisémites d'Hitler. En effet, son meilleur ami au Japon, Adolf Kamil, est juif, et il se surprend à avoir des sentiments pour une jeune juive, Elisa Geltheimer.
La politique de réédition de Tonkam s'avère toujours aussi incompréhensible : après avoir publié les deux premiers tomes de cette réédition dans le même mois, le 3e volume sort enfin le 29 octobre, près de 7 mois plus tard. C'est donc l'occasion pour ceux qui ont raté ce titre en 1999 de s'offrir une petite séance de rattrapage. Et quelle séance, puisque L'Histoire des 3 Adolf est considérée en France comme l'une des oeuvres les plus marquantes de Tezuka, avec Phénix et La vie de Bouddha.
Ce tome 3 s'intéresse particulièrement à la vie d'Adolf Kaufmann au sein de l'Adolf Hitler Schule et dresse un portrait cauchemardesque des Jeunesses Hitleriennes, où le culte de la personne d'Hitler ressemble à s'y méprendre à une religion, dont le Dieu serait le Führer et le livre Saint Mein Kampf. Le comportement d'Adolf Kaufmann, tiraillé entre la haine des juifs que les enseignants de l'A.H.S lui ont enfoncé dans le crâne , son amitié pour Adolf Kamil et son amour pour Elisa, présente peu de différences avec les doutes du père Garai concernant sa foi dans MW (Tonkam).
La représentation d'Hitler dans L'Histoire des 3 Adolf s'avère elle aussi très intéressante, d'une part parce qu'elle ne se limite pas à une ou deux apparitions muettes de 10 secondes chacune, comme dans la plupart des fictions. D'autre part parce que Tezuka ne tombe pas dans l'écueil d'une description fidèle, tout en gardant les caractéristiques les plus frappantes du caractère de cet homme. Ainsi, il crée un véritable personnage fictif à partir de quelques éléments réels, et s'éloigne volontairement de l'Hisoire, tout en restant crédible.
Malheureusement, s'il n'y a pas grand chose à redire concernant la qualité du manga, il n'en est pas de même pour l'adapation effectuée par Tonkam. Ici plus qu'ailleurs se pose la question du choix du sens de lecture (occidental, comme la première édition) sans retoucher un minimum les planches. Si certaines oeuvres peuvrent passer du sens japonais au sens européen sans souffrir de problèmes majeurs (en retournant les planches, ce qui fait que les personnages deviennent tous gauchers, entre autres), il est particulièrement agaçant dans L'Histoire des 3 Adolf de voir Hitler et tous ses subordonnés effectuer le salut Nazi de la main gauche. De même, Soheï Togué se fait réprimander par une jeune Nazie parce qu'il salue de la main... droite, dans le tome 1.
Malgré ce problème assez génant L'Histoire des 3 Adolf est un bon point de départ pour qui veut commencer à lire Tezuka : assez court (4 tomes), pas aussi noir qu'Ayako (Delcourt) dans le traitement mais aussi dur en ce qui concerne le propos, ce chef d'oeuvre de Tezuka ose beaucoup plus de choses que la plupart des Européens ne l'ont fait en abordant cette période, tout en restant avant tout un divertissement de très grande qualité.
7.1