Sept jours pour une éternité... 1. Première partie
S
uite à plusieurs millénaires d'affrontement stérile pour assurer leur domination sur le monde terrestre, Dieu et Diable décident de jouer le sort de l'humanité sur une ultime confrontation, un pari que l'un ou l'autre camp devra remporter durant la semaine que durera ce jeu. Pour ce faire, chaque équipe désigne son meilleur élément afin de faire triompher le Bien ou le Mal. Qui de l'ange ou du démon remportera ce duel, le plus important qui ait jamais eu lieu depuis la Création ? Et si un élément inattendu, un regard, un coup de foudre, venait perturber les forces en présence ?
Après le cinéma, le neuvième art s'intéresse lui aussi à l'un des best-sellers du romancier à succès Marc Lévy. Éric Corbeyran, scénariste prolifique, a mis son talent au service de cette première adaptation en bande dessinée. Compte tenu du changement de média, quelques allègements ont dû être réalisés dans le texte original. Néanmoins, les partis-pris retenus par le scénariste permettent de conserver une cohérence générale et ne gênent nullement la fluidité de l'intrigue. Certes, la base de départ n'a pas été puisée dans un fond littéraire de haute volée. Il s'agit ici d'une fable moderne dont le lecteur sait, plus ou moins à l'avance, comment elle va se terminer. À l'image du livre dont elle est tirée, cette transposition fait partie de la "littérature de gare", genre visiblement assumé par les auteurs qui écrivent des ouvrages populaires (quel vilain mot…) n'ayant d'autre prétention que de divertir leur public. De ce point de vue, le contrat est rempli. Le thème n'est pas nouveau – affrontement du Bien contre le Mal – néanmoins, l'angle d'approche choisi est quant à lui original. En effet, Dieu et Diable sont ici envisagés comme de véritables chefs d'entreprise qui dirigent chacun à leur façon, conseils d'administration à l'appui, la plus grande entreprise jamais conçue, à savoir la Terre. À la manière d'Un fauteuil pour deux, le film de John Landis, l'avenir des protagonistes sera scellé par la réalisation d'un pari dont les organisateurs célestes semblent avoir sous-estimé certains aspects. À la vérité, les éléments fantastiques, voire ceux vaguement économiques, ne sont qu'un prétexte au développement d'une intrigue amoureuse de type chick-lit - littérature romantique, généralement destinée à un lectorat plutôt féminin - entre deux êtres a priori surnaturels, mais dont l'aspect et les réactions restent somme toute très humains.
La mise en images a été confiée au dessinateur Espé (Le Territoire), son style réaliste se prêtant plutôt bien à ce type d’histoire. Parfaitement raccord avec le scénario, l’auteur s’est attaché à transcrire des personnages principaux tels que peuvent se les imaginer les amateurs de récits à l’eau de rose : jeunes, célibataires, branchés, taille mannequin. De même, la galerie des personnages secondaires ne manque pas de saveur. Globalement, le rendu est propre, même s'il peut paraître un peu trop lisse.
En définitive, Sept jours pour une éternité est une aventure sentimentale taillée pour le plus grand nombre.
6.0