L'hypnotiseur

L a bande dessinée argentine se porte bien, merci. S’il fallait s’en convaincre, il n’y a qu’à parcourir le dédale de l’hôtel dans lequel Arenas, hypnotiseur insomniaque, exerce désormais ses talents. A défaut de trouver le sommeil, le voici, cartographe psychique, visage anguleux et marqué, les yeux mi-clos, explorant les âmes tourmentées et les rêves torturés de ses patients.

Pablo de Santis de dérouler un récit, teinté d’ésotérisme et de mystère, peuplé de personnages secondaires hauts en couleur : des fous, quelques assassins et même un étrange voyant, collectionneur de temps. Des histoires d’amour et de trahison, de victoires dérisoires et d’échecs retentissants. Jorge Luis Borges n’est pas loin, Gaston Leroux non plus. Il y a comme un soupçon de classicisme décadent dans la description des personnages ou de cet hôtel un peu minable et décrépi. Et si l’intrigue n’a pas grande importance, si la narration peut parfois sembler biscornue ou les ellipses un peu abruptes, on s'abandonne sans peine à l’atmosphère lourde et confinée de ces décors surréalistes parfaitement mis en scène par Juan Sáenz Valiente (Mémoires d’une vermine, aux côtés de Carlos Trillo), jeune prodige de son état, qui confirme là toute l’étendue de son talent et dont le dessin, très expressif, ne manquera pas d’évoquer un Carlos Nine ou un Nicolas de Crécy.

A découvrir.

Moyenne des chroniqueurs
6.0