Bestioles

L e Lieutenant Luanne est pilote. Elle vient de recevoir sa première affectation en dirigeable : une mission de livraison aux exploitations minières se trouvant sur le continent. La tâche s'avère délicate, entre un capitaine alcoolique et magouilleur, et un stagiaire maladroit. En effet, là-bas évolue un écosystème qui ne doit qui ne doit être perturbé sous aucun prétexte. L'aventure commence par un soir de tempête, quand l'appareil s'écrase en pleine jungle.

La trame principale du récit est relativement convenue, opposant une civilisation développée qui cherche à protéger la nature et des individus sans scrupules prêts à tout pour servir leurs intérêts, quitte à exterminer une espèce. D'autres éléments ont ainsi déjà été utilisés à plusieurs reprises dans des romans de science-fiction. Les clichés sont assez nombreux, mais servent intelligemment l'histoire. Les personnages sont les premiers concernés puisque la belle jeune fille indépendante rencontre un gros porc pas très malin et un peu truand, ou encore un gentil et naïf jeune homme, entraîné bien malgré lui dans quelque chose qui le dépasse.

Ce qui peut apparaître comme des défauts contribue en réalité à construire une véritable fable, pleine de symboles et de morale écologique. L'engagement se ressent jusque dans l'ouvrage, au papier issu de forêts gérées durablement, dont l'aspect mat met bien en valeur le travail d'Ohm. Sans être vraiment voilé, le message n'est pas envahissant pour autant. En effet, le spectateur réussit à se laisser porter par les événements, malgré le peu de réelles surprises, et conserve intact son plaisir de lecture.

Pour donner une dimension supérieure à l'album, les auteurs ont misé sur le graphisme et la narration. Le dessin animalier, rond et très coloré, dans des tons violet et rouge, présente un aspect faussement naïf et enfantin, qui contraste avec la dureté de certaines scènes et la gravité du propos. L'histoire se déroule en parallèle entre les « humains » et les créatures sur le continent : une bande en bas de page est réservée aux bestioles qui communiquent par de nombreuses et singulières onomatopées. Parfois les récits se rejoignent le temps d'une confrontation entre les peuples avant se séparer à nouveau. Ce choix de forme donne un certain charme à l'œuvre.

Bestioles ne révolutionne pas la bande dessinée ou la science-fiction, mais au delà d'un avertissement écologique, les auteurs offrent une aventure fraîche et dynamique, dont la lecture est à la fois dépaysante et familière, et avant tout divertissante.

Moyenne des chroniqueurs
7.0