Volunteer 2. Volunteer - 2

N ous retrouvons Volunteer quelques jours après la scène qui concluait brillamment le premier tome de la série. La jeune femme se remet difficilement de la mort de Margaux, son amie, et préfère se réfugier dans un état dépressif semi-comateux. Hercules, le vieux bouquiniste et son neveu, Prometheus, veillent à préserver la convalescence de Volunteer de toutes inquiétudes. Mais il lui faudra vite reprendre ses esprits car déjà, tout autour d'elle, d'inquiétantes silhouettes refont leur apparition...

Les 70 pages du premier tome avaient permis aux auteurs d'installer confortablement l'ambiance de la série, de développer une multitude de personnages secondaires et d'approfondir la situation assez singulière de l'héroïne. Physionomiste dans une boîte de nuit, la jeune femme n'a aucun souvenir de son enfance et mène, depuis une sombre période à Baltimore, une vie à peu près rangée. On ne manquera pas de rapprocher Volunteer et Vic Lenore, héroïne de Rapaces. Cependant, plus qu'une variation sur un thème largement visité, Volunteer n'est en rien une pâle copie de la série de Dufaux et Marini.

Loin de la désuétude du couple Camilla-Drago, Sevestre choisi d'inscrire ses créatures dans la modernité. New-York est remarquablement mise en scène. Chaque quartier possède une ambiance, une couleur et une faune propre. Des indicateurs de lieux et de temps rappellent fréquemment au lecteur le troublant réalisme de l'action. Pas de costumes de cuir rouge, oubliez aussi le look gothique, les vampires sont ici dépeints comme des individus sociabilisés, abordables, et donc terriblement dangereux. Cette proximité du prédateur et de la victime procurera à plusieurs reprises ce délicieux sentiment d'insécurité qui fait tout le charme de Volunteer.

Autre point de rupture avec les classiques du genre, la psychologie des personnages n'est pas juste effleurée. Soutenues par le travail de Springer, les émotions nous apparaissent clairement et offrent au récit une profondeur peu commune pour le genre. La multitude de personnages, telle qu'elle apparaissait dans le premier tome, si elle peut effrayer quant à la lisibilité du récit, est ici ramenée à un noyau recentré autour de l'héroïne. De nouveaux protagonistes font leur apparition mais ne parasitent en rien la lecture. Ils élargissent au contraire la portée du récit à travers la sempiternelle (mais toujours séduisante ) main-mise des vampires sur notre société. Reste à voir comment cette ouverture sera développée par la suite.

Le dessin de Springer est nerveux. La légèreté et le naturel des attitudes de ses personnages signent également un style très expressif. A noter pour ce second tome un trait plus aéré; l'encrage est également allégé. On observe un important travail au niveau des éclairages et une plus fine maîtrise de la colorisation informatique. Springer ne fait toutefois pas dans la nuance et appose sur ses planches des teintes tranchées, vives, parfois un peu agressives. Détaillés durant les scènes d'introduction, les décors s'effacent lorsque l'action se resserre autour des protagonistes. Au final, le style et la mise en scène servent remarquablement le registre réaliste du scénario.

Un repaire dévasté, une ennemie libérée, une guerre de castes en arrière-plan, le troisième et dernier tome de Volunteer se fait déjà attendre...