Blazing Combat
Blazing Combat, c’est l’histoire d’un hommage, celui d’Archie Godwin aux comics de guerre (Frontline Combat, Two-Fisted Tales) édités dans les années cinquante chez EC par le grand Harvey Kurtzmann et où officiaient déjà les plus grands dessinateurs de l’époque : Wally Wood, Alex Toth, George Evans ou encore Joe Kubert. Lesquels, à l’exception du dernier occupé par son Sgt Rock, devaient bientôt participer à ce nouveau projet.
Blazing Combat, c’est aussi le récit d’une aventure éditoriale avortée, victime presque malgré elle de la censure. La revue ne comptera ainsi que quatre numéros publiés entre octobre 1965 et juillet 1966. La raison en est toute simple même si elle devait échapper un temps à celui qui présidait aux destinées de la revue : Jim Warren. Une histoire contenue dans le deuxième numéro devait en effet mettre le feu aux poudres et amorcer la descente en flamme d’un titre qui n’avait jamais aussi bien porté son nom. Intitulée Paysage !, celle-ci décrivait la vie d’un cultivateur de riz vietnamien qui, après avoir été bombardé par les Américains, sera racketté par les Viêt-Congs. Taxée d’anti-patriotique, en pleine guerre du Vietnam, par la très influente American Legion, l’association des anciens combattants, la revue sera progressivement retirée des kiosques, notamment dans les bases militaires, et cessera bientôt d’être distribuée.
Blazing Combat, c’est surtout le War Comics à son meilleur, c’est-à-dire quand le genre ne se limite pas à faire l’étalage des spécifications techniques de l’armement ou à donner purement et simplement dans l’imagerie martiale et l’héroïsme bon teint (voir, par exemple, pour une œuvre contemporaine de la revue, WW II, Histoires de guerre, pourtant signée Hugo Pratt). Archie Goodwin livre des récits profondément humanistes, qui ne dissimulent rien de l’horreur des conflits, et où le théâtre d’opération importe peu (guerre(s) d’indépendance, de Sécession, mondiales, froide, de décolonisation, etc.). Ainsi, ces pages introductives au premier numéro qui interrogent sur la torture résonnent tout particulièrement alors que l'Amérique peine à fermer les camps de Bagram ou de Guantanamo.
Blazing Combat, c’est enfin les couvertures de Frank Frazetta, le noir et blanc, parmi d’autres signatures tout aussi prestigieuses, d’un John Severin (excusez du peu !), d’un Angelo Torres ou d’un Reed Crandall. A cela, il faut ajouter le soin éditorial apporté à cette anthologie où chacune des vingt-neuf histoires est reproduite à partir des films d’impression originaux.
7.0