Transmetropolitan (Panini Comics) 5. Le Remède

S pider Jérusalem, notre journaliste gonzo de l’extrême, accompagné de ses sordides assistantes, continue sa croisade contre le président Callahan dit « le Sourire ». Mais Jérusalem est atteint d’une maladie incurable, lui provoquant amnésies passagères et troubles mentaux. Alors qu’il a découvert un témoin clé pouvant faire chuter son ennemi juré, il se trouve confronté aux forces de l’exécutif, chargées de l’empêcher de relayer l’information.

Transmetropolitan est un sommet d’irrévérence, de transgression et de vulgarité. Ce tome ne fait pas exception à la règle, servi par le dessin efficace et très expressif de Darick Robertson. Aux commandes du scenario, Warren Ellis prouve une fois de plus qu’il est l’un des meilleurs auteurs de sa génération. En dépit d’une apparence punk et foutraque, l’histoire est d’une profondeur rare. L’auteur dresse le portrait d’une société futuriste pourrie jusqu’à la moelle, ressemblant étrangement à la nôtre. L’intégrité des médias, la diffusion de l’information sont au centre de son œuvre, et la mainmise du pouvoir sur celle-ci fait résonance à l’actualité. La quête absolue de vérité de Jérusalem, malgré sa folie et ses comportements déviants, en font le seul personnage véritablement juste de "The City". Il est la conscience d’une société consumériste et lascive, ayant perdu ses illusions.

Panini s’est enfin décidé à utiliser du papier glacé en lieu et place du buvard des quatre premiers volumes. Etrangement, le dessin y perd, le trait semble plus froid et les couleurs paraissent moins vives. Cela ne justifie toujours pas le prix trop élevé de cette édition, desservie par une traduction parfois approximative. Ce cinquième volume, bien qu’un peu plus faible que les précédents, sans doute à cause de son rythme moins soutenu, a néanmoins le mérite de présenter notre anti-héro préféré sous un jour plus humain en mettant l’accent sur sa maladie. Mais que les fans se rassurent, ils y trouveront quand même leur dose de lancer de nains nazis pervers, de sectes de néo-aliens partouzeurs, d’agitateurs d’intestins et d’interviews à grands coups de barreaux de chaise dans la gueule.

Totalement jouissif et complètement barré, Transmetropolitan n’oublie pas pour autant de nous interpeller sur la débâcle de notre société, entre deux pubs pour appareil génital avec MiniDisc intégré.

Moyenne des chroniqueurs
7.7