Lincoln 6. French Lover

P aloma est fatiguée de la révolution. Désabusée par la trahison et le comportement de ses hommes, elle a besoin de faire un break et aspire à renouer avec les valeurs simples et le rythme paisible qu’est censée pouvoir offrir une vie de famille. C’est donc tout naturellement qu’elle rejoint le camp de réfugiés où se trouvent les siens. Mais coté tranquillité, ce n’est pas vraiment gagné. La réaction de sa mère et l’arrivée d’un jeune français, animé du désir de prendre part à une révolte, compliquent un peu les choses, quand les soldats mexicains gardent toujours pour objectif de capturer la Saldena.

Et Lincoln dans tout ça ? Il reste égal à lui-même, prompt à lancer des salves de grossièretés, à s’énerver ou à capituler dès qu’il voit poindre une once d’effort qu’il lui faudrait fournir et, comme à son habitude, « bénéficie » de situations subies. Enfin, presque égal à lui-même. Parce qu’il se passe quelque chose à l’intérieur de l’immortel en proie au ressenti d’un trouble affectif qui le conduit à prendre parti et à agir. Certes, ses deux chaperons l’aident un peu en arrangeant les circonstances, mais quand même.

Si Cul nu dans la plaine avait un peu déçu, French Lover retrouve la qualité des premiers tomes de la série, la dépassant peut-être, et renforce la légitimité du changement graphique amorcé dans le tome précédent. En effet, l’affinement du trait et l’adoucissement des couleurs, couplés à l’expression très littéraire de Bertrand de Gonzague, maintiennent en toile de fond, et de façon subtile et diffuse, la valse hésitation des sentiments et des liens perceptibles qui se tissent sur des malentendus mais que les personnages n’arrivent pas à extérioriser. La possibilité de l’éclosion d’une romance entre Paloma et Lincoln reste omniprésente et intrigue en permanence, sans pour autant ni occulter, ni dénaturer, les fondements de la série. Les bons mots fusent, le découpage est excellent, l’histoire reste fidèle à l’esprit de ce western original et typé. Que demander de plus ?

Un peu de douceur dans l'univers d'un brut de décoffrage. Encore !