On the Road On the road

J ack et Georges n'en ont pas l'air, mais ils sont issus de la grande tribu indienne Hopi. Mais étant les incarnations d'une vieille légende et possédant un fort caractère, les deux frangins se voient virés et contraints de prendre la route, au gré des lubies de Jack. D'ailleurs, ce dernier a un nouvel objectif en tête : retrouver une jeune femme dont il dit être tombé amoureux, mais dont il ne connaît d'elle... qu'une photographie déchirée. Poursuivis par la police et les chasseurs de prime, cette recherche ne s'annonce pas de tout repos.

Dès les premières pages, l'absurde et le loufoque s'entremêlent et les événements se déroulent à cent à l'heure, ne laissant aucun répit au lecteur qui se trouve embarqué dans une course effrénée. Les auteurs n'hésitent pas à exagérer les situations, par un comique de répétition par exemple, comme lorsque le bon vieux fermier de l'ouest court après son « employé » noir. Les graphismes ne sont pas en reste, les perspectives étant parfois déformées et les protagonistes possédant eux même des traits exagérés comme les grands yeux, mentons et nez. La confusion, soigneusement travaillée, règne : les héros ne sont pas ce qu'ils semblent être (Des indiens ? Vraiment ?), n'agissent pas pour les raisons qu'ils évoquent, ne montrent pas les émotions qu'ils ressentent vraiment. Il résulte de ces éléments une impression de pièce de théâtre mêlée de film hollywoodien. Combinaison cocasse et plaisante.

De nombreux clichés s'avèrent volontaires, notamment les héros aux allures de cow-boy classique dans leur accoutrement et leur caractère, jusque dans la répartition des rôles, entre le meneur méchant-mais-pas-vraiment-en-fait et le frangin suiveur un peu benêt. Cependant, l'accumulation du comique de situation, bien que divertissant, peut paraître pesant sur certaines scènes qui auraient mérité un peu plus de simplicité, Jack usant parfois de stratagèmes proche de la stupidité. Les auteurs poussent parfois un peu loin la limite du saugrenu, mais ont su calibrer l'ensemble pour qu'il reste amusant.

Ces allers-retours d'un côté à l'autre de la barrière de l'idiotie essoufflent un peu le récit, sans vraiment en rompre l'unité, contrairement à certaines transitions scéniques. En effet, le lecteur est parfois surpris, en tournant la page, de voir les protagonistes dans une position totalement différente de celle dans laquelle il les avait laissés, sans pouvoir comprendre instantanément le chemin parcouru pour en arriver là. Cela arrive notamment lorsque, acculés par la police dans un endroit relativement fermé, Jack et ses complices se retrouvent à courir dans une rue l'instant d'après. Cette impression se retrouve plusieurs fois au cours de la lecture et perturbe l'équilibre de l'histoire.

Même sans rire aux éclats, il est facile de s'attacher aux personnalités hautes en couleurs et au rocambolesque de leur aventure. On the road reste un récit assez bien construit et un bon divertissement malgré ses quelques défauts.

Moyenne des chroniqueurs
5.3