Sweety sorcellery 1. Le Cœur d'Aï-Lynn

A ï-Lynn est une adolescente comme les autres et ne souhaite qu'une seule chose : rencontrer son idole, Dame Ziza, auteure de Kristabulles. De Krista-quoi ? Mais voyons, quel(le) sorcier(e) êtes-vous donc pour ne pas savoir que les Kristabulles sont ces petites boules de cristal permettant de ressentir les récits de fiction ? L'équivalent des romans humains si vous préférez. Toujours est-il que la jeune sorcière compte bien suivre les traces de la star du moment, en devenant son apprentie par exemple. Mais le chemin est périlleux, surtout lorsque la fougue de la jeunesse empêche de mesurer toutes les conséquences qu'impliquent la création d'une histoire.

Attention, Girly ! Le collectif Sweety sorcellery ouvre la nouvelle collection Blackberry de Soleil, destinée aux jeunes filles « romantiques ». Ces termes pourront en effrayer certains et pourtant... malgré des tons roses et une bonne dose de naïveté, le concept de la série est plutôt convaincant.

Chacun des dessinateurs se voit attribuer une histoire, Ood Serrière réalisant la trame principale qui met en scène la jeune et jolie sorcière Aï-Lynn, ses compères donnant vie aux récits des Kristabulles que le lecteur suit en même temps que les protagonistes. Les différents styles, bien que très personnels, s'intègrent parfaitement dans l'album, sans crainte de briser l'harmonie globale. Les traits possèdent quelques touches japonisantes, donnant à ce « cute » un côté charmant qui aurait pu virer au niais dans d'autres circonstances. Les rose, violet, bleu ciel se retrouvent à chaque page, ajoutant au côté féminin de l'œuvre. Étant dosées avec parcimonie, les couleurs offrent des pages claires, agréables à l'œil.

Les personnages ont de sacrés caractères. Ainsi, l'héroïne apparaît (très) têtue, volontaire, et possède ce côté adolescente un peu bêta qui la rend attachante. L'univers présenté est bien choisi pour illustrer ce nouveau concept, les démons moqueurs côtoyant les chastes licornes. Les « romans » s'intercalent dans le récit principal sans pour autant l'affaiblir et l'évolution du scénario laisse présager d'une suite assez intéressante et d'une densité dramatique non négligeable pour une telle série.

Cute, bêta, niais... Ces mots ne sont pas choisis au hasard. Si Le coeur d'Aï-Lynn se révèle intéressant, il est indispensable de ne pas être allergique aux grands yeux démesurés, aux êtres féériques et autres romances dégoulinantes. Certaines Kristabulles, notamment la première d'Aï-Lynn (excusable) et la dernière de l'œuvre, peuvent laisser le lecteur un peu froid, l'une étant trop teintée par la jeunesse de l'auteure, l'autre lourde de tirades larmoyantes.

Malgré son orientation girly, la série a de quoi plaire à un public plus large. Les visuels sont magnifiques, les décolletés affriolants et le concept est très bien mené par la chef d'orchestre Alwett. Voilà une bonne entrée en matière pour la collection Blackberry, encore faut-il confirmer cette bonne lancée.

Moyenne des chroniqueurs
6.0