L'essence de la vie

S ur les conseils de son père, Xiao Lu se met en quête d’une réponse à la question qui le taraude : pourquoi est-ce que les hommes vivent ? Il s’engage alors dans un parcours initiatique basé sur l’introspection, mêlant questions métaphysiques, analyse des ressentis, perception, découverte et construction de soi.

C’est du moins l’une des voies par lesquelles ce manhua peut-être appréhendé. Car si la narration graphique présente une cohérence, il n’en va pas de même du texte qui l’accompagne. Au point de se demander lequel a inspiré l’autre ou s’ils ont simplement été juxtaposés. Le cheminement de la pensée et la nature des états d’âme sont livrés à l’état brut, de façon instinctive, sans être articulés. Le but est certainement de faire partager au lecteur la pureté et la spontanéité des ressentis et des idées, mais il en ressort une impression de confusion, de divagation, de manque de lien, et de naïveté. L’enfant mûrit. En interagissant avec le monde, il prend conscience des composantes de sa personnalité. Il se découvre et se construit. Mais l’expression, trop décousue, ne reflète pas le gain de maturité et les réactions demeurent juvéniles, jusqu’au terme de l’album.

Li Zhi Hei est un réalisateur effréné de graffitis sur Internet, via l’outil Oekaki. Il ne pouvait logiquement illustrer son ouvrage qu’en utilisant son ordinateur. Le rendu de son travail est surprenant. Il témoigne, tout d’abord, d’une grande maîtrise de l’informatique. Il procure, ensuite, un réel plaisir visuel. En effet, si les dessins sont entièrement pixélisés, ils parviennent à restituer finement les ambiances et à retranscrire les émotions. Il se dégage même une poésie de certaines vues.

Si L’essence de la vie n’est pas convaincant dans le verbe, il l'est dans l'image. Et il présente l’indéniable intérêt de combiner une technique de création graphique moderne, un contenu abstrait et les Lianhuanhuas, les bandes dessinées traditionnelles chinoises éditées dans un petit format carré et qui respectent l’alternance d’une image unique et d’un récitatif placé en vis-à-vis.

Moyenne des chroniqueurs
4.0