Les nuits assassines

A utriche, 1973. Axel rend l'âme à l'âge de trente-six ans, laissant sa famille et sa femme Helga dans un deuil douloureux. Tandis que la jeune veuve attend désespérément un signe de l'au-delà, le premier drame survient : un nouveau-né décède mystérieusement. S'ensuivent d'autres morts suspectes dans la famille, qui vont intriguer la police et un journaliste originaire de la région. Ces deux professionnels vont mener l'enquête mais leurs conclusions divergent, tandis que mort et folie deviennent le quotidien des Neunhöffer.

Lorsqu'un scénariste français et un dessinateur coréen s'associent, cela donne Les Nuits Assassines. Ce projet original aura sans doute demandé beaucoup de travail pour passer les barrières de la géographie et du langage, mais le résultat en valait la peine.

Le choix de la date et du lieu de l'aventure est une première originalité du scénario. Les mots autrichiens fusent (traduits, bien sûr), les décors et les éléments humains plongeant bien dans l'ambiance de l'Autriche des années 1970 telle que le lecteur pourrait l'imaginer : rude, montagneuse, pleine de secrets de familles bien enfouis et de légendes étranges.

Le récit est bien mené, le présent oppressant et meurtrier alternant avec le souvenir de jours heureux pour mieux dénoncer l'absurdité des disparitions et l'incompréhension face aux décès en série. La tension monte graduellement, avec subtilité, pour entraîner malgré lui le lecteur dans la folie qui imprègne les pages. Le seul regret notable dans ce travail vient d'une solution dévoilée peut -être trop tôt. Heureusement, la clé de l'énigme ne suffit pas et les rebondissements finaux restent inattendus, pour le plus grand plaisir (ou pour la plus grande horreur ?) de tous.

Le graphisme est tout à fait adapté à cette histoire européenne. Le trait précis et expressif s'associe aux couleurs flamboyantes pour illustrer habilement le scénario. Les plans sont souvent bien choisis et la BD se lit de façon fluide, sans effort. Les personnages sont tous charismatiques à leur façon, dans leurs forces et leurs faiblesses. La jeune Helga et le journaliste sont, dès l'origine, parmi les plus attachants, tandis que la personnalité d'autres personnages, visiblement antipathiques, se révèle au fil des planches.

La complicité entre les auteurs est visible dans le résultat final, tant il est facile d'oublier,malgré les apparences, qu'il s'agit d'une lecture et non pas de la visualisation d'un film. Les Nuits Assassines est une bonne BD d'horreur, même si elle ne devrait pas empêcher le lecteur de fermer l'œil.

Moyenne des chroniqueurs
5.5