Saint-Germain, puis rouler vers l'ouest !

E mporté par sa musique et la folie des soirées parisiennes, Alexis en oublie de s'occuper de Mary. Un matin, après une nuit de garde à vue, il rentre dans un appartement vide. N'ayant pour seuls indices qu'une lettre et une vague adresse, il décide de se lancer à la poursuite de son amour perdu, au volant de sa décapotable, en direction de Dinard.

Pour son nouvel opus, l'auteur change à la fois de maison d'édition et de décor. La Bretagne, omniprésente dans ses œuvres précédentes, se fait plus discrète, pour mieux mettre en valeur une relation amoureuse un peu chaotique. Saint-Germain, puis rouler vers l'ouest s'annonce dès le départ comme un road movie sur rythme jazzy. La recherche de Mary devient un prétexte au voyage, à des rencontres, une errance dont le but apparaît parfois flou. Car il ne faut pas essayer de trouver d'objectif à cet album, il part de nulle part et y conduit également. Le cheminement, l'ambiance de la route, sont les éléments porteurs du récit.

Les individus qu'Alexis trouve sur son chemin sont chacun hauts en couleurs. Inattendus, absurdes, les liens qui se créent entre le jeune homme et ses compagnons ont quelque chose d'irréel. Les personnages féminins, notamment, sont le reflet de ce qui compose chaque femme : enfant, mère, épouse, grand-mère dispensant sa sagesse. L'ensemble des pages est empreint d'une liberté légère qui prête à sourire. La fin arrive néanmoins de façon un peu maladroite, sans doute parce que ce voyage n'était pas vraiment destiné à se terminer.

Le graphisme de Bruno Le Floc'h, reconnaissable entre tous, n'est pas servi au mieux par le changement de format. Les pages semblent trop grandes pour le style dépouillé de l'auteur. En découlent de grands espaces blancs ou monochromes, plus gênants que dans le cadre de ses autres BD. L'absence de certains détails est à regretter, comme par exemple certains visages sans traits malgré un plan relativement rapproché. Cependant, cet ensemble sobre, en dessin comme en couleurs, convient à la simplicité de l'histoire.

Saint-Germain, puis rouler vers l'ouest vaut principalement pour l'ambiance générale qui s'en dégage. Encore faut-il savoir se laisser porter par le jazz de la vie pour pouvoir l'apprécier.

Moyenne des chroniqueurs
6.0