Le réveil du Zelphire 1. D'écorce et de sève
"La légende raconte qu'un esprit endormi vit en chacun de nous. Et il arrive, dit-on, qu'un traumatisme de l'enfance le sorte de son sommeil. Tel est le réveil du Zelphire." Sylvan Khelmann est de ceux-là, vivant tant bien que mal en cachant ses bourgeonnements incessants et ses jeunes branches. Partagé entre ses études et l'amour d'une fille de bonne famille, son quotidien est des plus communs en dehors de ses étranges capacités. Jusqu'au jour où il rencontre le professeur Wernes et qu'il décide de l'accompagner dans une expédition. De leur côté, les Dreghans, qui possèdent eux aussi des facultés surnaturelles, traquent les Zelphires dans un but connu d'eux-seuls, en semant la mort sur leur chemin.
Derrière une couverture peu attractive et un résumé faisant penser aux plus bades dessins animés du marché, se cache une œuvre intelligente, rondement menée, tout autant qu'un véritable conte sur la différence, le choix inéluctable entre le bien et le mal ainsi que les conséquences qui en découlent. Le public visé est sans contexte jeune, mais l'aventure de Sylvan et ses amis pourra ravir les plus grands.
Le scénario, bien que sans réelle surprise, est riche en rebondissements et en personnages, tous plus attachants les uns que les autres. La lutte éternelle des gentils contre les méchants est le centre de cette histoire pouvant se lire comme un one-shot. La quête d'identité et l'acceptation de soi en est le second pilier. Quelques éléments de découpages originaux viennent agrémenter les pages, avec dès le départ la définition des Zelphires apportée à l'aide de cases narratives presque totalement absentes par la suite.
Le ton se veut très vivant, jovial, les mésaventures n'empêchant pas les bons sentiments de triompher. Le but n'est clairement pas ici de faire frissonner ou de créer un suspens, mais bien de révéler le fabuleux destin de créatures extraordinaires. Le dessin souligne la beauté du récit. Les protagonistes aux grands yeux apportent douceur et grâce, tandis que les traits plus bruts contrastent agréablement pour rendre le contexte plus mature. Les couleurs, discrètes et bien dosées, contribuent au charme de l'œuvre.
Karim Friha offre aux lecteurs un premier tome réussi sur tous les plans, extrêmement convaincant pour ses débuts dans la bande dessinée, en tant qu'auteur complet. Gageons que la suite de la série sera d'aussi bonne qualité.
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7.0