Carthago 2. L'Abysse Challenger

L es réserves d’oxygène sont épuisées dans le submersible de l’Adome lorsque ce dernier s’ébranle, puis remonte. Mais l’identité des sauveteurs réserve une surprise aux quatre rescapés. Les hommes de London Donovan ont pris le contrôle de la base et l’exécutant du « Centenaire des Carpates » ne laisse à Kim et à Kasinsky d’autre solution que celle d’embarquer immédiatement dans l’hélicoptère qui les attend. Le lendemain, des scientifiques s’interrogent sur les causes possibles des échouages massifs des cétacées tandis qu’un giravion en mission de secours sur l’épave du Crazy Horse subit l’attaque d’un megalodon et que les agents de la Carthago livrent à leur patron les résultats de leurs investigations.

Cela ne fait plus aucun doute, des créatures marines de type préhistorique ont survécu aux cataclysmes. Certaines espèces hantent toujours des océans et la manifestation de leur présence devient actuelle. Si, pour des raisons différentes, l’Adome, la Carthago et Wolfgang Feiersinger ont en commun de vouloir préserver le secret sur l’existence du megalodon et d’être prêts à utiliser des méthodes illicites pour arriver à leurs fins, l’océanographe Kim Melville devient objet de convoitise pour chacun d’eux.

Le récit se poursuit, la toile se tisse, levant une partie du voile sur l’identité et le passé du collectionneur richissime ainsi que sur les circonstances dans lesquelles il a été sauvé par London Donovan. Des zones d’ombre persistent : à quand remonte la rencontre entre les deux hommes ? Quelle est la nature du contrat qui les lie ? Qui est Snyder, le PDG de la Carthago au visage ravagé ? Quel souvenir supposé dramatique attriste régulièrement Kim ? De nouvelles questions surgissent : y a-t-il une relation entre les prédictions aborigènes et les manifestations de la perturbation de l’écosystème marin ? Qu’a vu le commandant Bertrand ? Des vestiges d’Atlante ? Pourquoi ne veut-il pas prendre la responsabilité de dévoiler sa découverte à l’ensemble de l’humanité ? Qui est Lou ? Dans le même temps, la tension monte : un spécialiste ayant émis l’hypothèse de l’apparition d’un nouveau prédateur dans l’océan Atlantique, combien de temps pourra être préservé le secret ?

La technique de narration adoptée par Christophe Bec reste la même et fait preuve d’une grande efficacité. Découpage serré qui alterne flash-backs et temps présent, qui jongle avec les lieux, dialogues naturels, sites géographiques réels, existence avérée de la vie dans la fosse des Mariannes, renvoi à des évènements historiques tels que celui du début des émeutes au Tibet en 1987 qui pourrait justifier la nature du marché passé par Wolfgang Feiersinger. Proximité de la sonorité et de l’orthographe des noms de certains lieux et personnages avec des existants, Humbolt pour Humboldt, Greeves pour Reeves…. En l'occurence une arme à double tranchant car elle peut parfois agacer : pourquoi ne pas reprendre l’intégralité du nom, ou carrément en changer pour appuyer la partie fictionnelle du récit ? La crédibilité du fond est parfaitement soutenue par le dessin et la mise en couleurs réalistes d’Eric Henninot.

Bâti sur le même mode que le Lagon de Fortuna, L’Abysse Challenger prend le temps de développer quelques pans de l’intrigue tout en continuant à distiller des révélations et à introduire des éléments nouveaux qui soulèvent à leur tour des questions constituant autant de pistes d’exploitations futures. Prenant et efficace !



Pour en savoir plus sur la série :

Chronique du tome 1 – Le lagon de Fortuna

Preview du tome 2 – L'Abysse Challenger