Clockwerx 1. Genèse
L
ondres, au XIXe siècle. Dans le quartier malfamé des docks, Matt Thurow enquête, pour son propre compte, sur une série de morts violentes et mystérieuses. Cet ancien policier de Scotland yard ne se doute pas une seule seconde de l’ampleur de l’affaire dans laquelle il s'est engagé. Le jeune homme va croiser la route de Molly Vane, autrefois ingénieur au sein de la puissante Golden Shell, aujourd’hui rebelle s'évertuant, avec une poignée d’hommes bien décidés, à contrarier le projet Clockwerx et à empêcher la compagnie de mettre la main sur le lucifernium, une source d’énergie révolutionnaire très convoitée. Pour ce faire, Miss Vane n’hésite pas à voler quelques clocks - robots d’une efficacité redoutable - et à s’engager dans une guerre des plus dangereuses pour freiner les ambitions démesurées d’un cercle d’individus fort influents.
Genèse est le premier tome de ce diptyque se déroulant dans le Londres de l’époque victorienne. Jason Henderson et Tony Salvaggio au scénario se sont permis une fantaisie en plongeant leur intrigue dans un univers steampunk. Un sous-genre se rattachant à la science-fiction mais prenant pour cadre le XIXe siècle et son ère industrielle. La technologie est celle des machines à vapeur complexes et souvent démesurées à l’image des clocks, géants de fer pilotés par des hommes et animés par le lucifernium.
Les scénaristes plongent d’emblée le lecteur dans l’action qui va crescendo, multipliant les rebondissements. Malgré la simplicité de la trame, le suspens et la dynamique de l’intrigue tiennent le lecteur en haleine. L’atmosphère brumeuse londonienne et la menace latente qui semble peser sur le port - lieu où se passe la majorité des évènements - sont bien rendues et contribuent au mystère qui intéresse tant les protagonistes. La seul ombre au tableau - et qui risque fort d’en rebuter plus d’un - se situe au niveau de la narration. Celle-ci est chaotique et gâche la fluidité et l’enchaînement des différentes scènes.
Le dessinateur Jean-Baptiste Hostache apporte un soin tout particulier aux décors urbains. La célèbre Tour de l’Horloge et les demeures anglaises sont remarquablement dessinées. De même, la technologie inhérente au genre est bien retranscrite, à la fois rétro et sophistiquée. Les clocks à l’esthétique savamment recherchée en sont un bel exemple. D’ailleurs le dessinateur prend plaisir à les croquer sous toutes les coutures. En revanche, les traits de certains personnages sont quelques fois inégaux et peuvent prêter à confusion. Quant aux couleurs, elles servent parfaitement l’époque victorienne et ses mystères, que même le brouillard a du mal à dissimuler.
Bien que décevant dans sa forme narrative, Clockwerx a les atouts nécessaires pour plaire aux amateurs du genre. Le second tome, avec l'éclairage qu'il devrait apporter, est d’ores et déjà attendu de pied ferme pour confirmer ou non cette impression.
4.7