L'espace d'un soir 3. Histoires cachées

J eune couple parisien et parents de deux enfants, Sandra et Antoine se rendent en province pour l’enterrement du grand-père de celui-ci. Ce triste évènement est l’occasion de retrouvailles mais également de révélations. Famille idéale et soudée en apparence, la découverte d’ « histoires cachées » pourrait bien en fragiliser les fondements...

« ... lisez l’histoire comme elle se présente, sans tenter de lire les histoires cachées. Munissez-vous ensuite de votre plus beau coupe-papier et ouvrez les pages cachées. » Brigitte Luciani et Colonel Moutarde ont résolument décidé de jouer avec les codes de la bande dessinée, un peu à l'image de Marc-Antoine Mathieu avec la série Julius Corentin Acquefacques. Disposition du dessin de façon à représenter les quatre étages d’un immeuble dans L’espace d’un soir, personnage principal directement confronté aux auteurs par l’intermédiaire de voix-off dans Comédie d'amour, les auteures ont cette fois "caché" des histoires dans les pages de leur album ; ces "suppléments" sont à découvrir en les découpant lors d’une seconde lecture. Les collectionneurs conscientieux peuvent consulter ces histoires sans mutiler leur album sur le site de l’éditeur.

Même si elle est assez classique à la première lecture, l’histoire est parsemée de non-dits et sous-entendus qui présagent de quelques surprises pour la suite. Et c’est effectivement en découvrant les pages cachées que le récit se complexifie, les petites scènes ainsi dévoilées permettant de mieux appréhender les malaises et les tensions entre les protagonistes. Ce procédé apporte beaucoup au récit qui, sans cette seconde lecture amusante, n’aurait pas la même saveur. Il est dommage que ces passages cachés soient assez inégaux et n’aient pas plus d’impact sur le dénouement. Le duo aurait ainsi pu pousser l’exercice jusqu’à proposer une fin alternative. Le dessin de Colonel Moutarde, grâce au décor épuré, met en avant la gestuelle des personnages et leurs expressions. Les coups de gueule et coups d’œil en coin sont alors habilement soulignés. Les dominantes de couleurs donnent une unité aux scènes et permettent de distinguer les passages cachés des autres.

Les deux auteures offrent une nouvelle fois une comédie pétillante et distrayante. Alors que le tome 2, moins audacieux, avait déçu, ce tome 3 est une curiosité, et confirme que la volonté de surprendre et d’expérimenter fait partie intégrante de la série.

Moyenne des chroniqueurs
6.0