D 1. Lord Faureston

R ichard Drake, aventurier de retour d’exploration, habitué des soirées mondaines, tombe sous le charme de Catherine Lecombe, séduisante jeune femme de la haute société. Il va être confronté à un rival à sa mesure : le sombre et envoûtant Lord Faureston. Le comportement étrange de ce dernier ainsi que les élucubrations d’un craintif banquier, chasseur de vampire en dehors des heures de bureau, vont finir par convaincre Richard que le jeune dandy cache un dangereux secret. Alors « D » comme « dandy » ? C’est peu probable...

Âme damnée, personnage cruel mais raffiné, le vampire a alimenté quantité d'oeuvres et notamment de récits de bande dessinée. Récits fantasmagoriques comme Requiem Chevalier Vampire de Pat Mills et Olivier Ledroit, récits plus réalistes et historiques à l’instar de Le Prince de la nuit de Yves Swolfs, que D rejoint pour ce qui est du style et de l'époque, la fin de XIXème siècle.

Avec sa couverture et son titre énigmatique, son dessin flatteur et une belle tête d’affiche, l’album est accrocheur. Ayrole maîtrise bien son récit, sait mener son histoire avec un rythme soutenu en l’agrémentant de belles répliques (il est le dialoguiste de De cape et de croc, tout de même !). Un petit regret pointe cependant, concernant les personnages qui manquent un peu de nuance et d’originalité. C’est, en effet, sans surprise que se côtoient le rustre et farouche aventurier (inspiré fortement, par l’aspect et les actes, du véritable explorateur et ethnologue Richard Burton), le nuisible et ténébreux rival et, la belle et romantique jeune femme, sujet de la convoitise des bientôt ennemis jurés. Quant au chétif banquier, à cause de son physique et son manque de charisme, il est difficile de l’associer à un chasseur de vampires. Le lecture est fluide jusqu’à la seconde partie de l’album où des changements successifs de scènes peuvent perturber la lecture. Entre songe, soirées, rêverie, scène rétrospective et d’action, il faut rester concentré pour ne pas perdre le fil de l’intrigue. Maïorana propose un dessin vif et précis. Détaillées, les scènes sont rehaussées par une colorisation contrastée qui alterne scènes chaudes des soirées mondaines et les extérieurs sombres et froids de la nuit…

D réunit tous les ingrédients d’un récit réussi même s’il reste classique et sans réelle surprise. C'est en se montrant plus audacieux pour la suite que les auteurs parviendront peut-être à renouveler le genre.